Repair Café : « Réparer sans se ruiner »

Ne jetez plus vos appareils électroniques cassés ! Les Repair Café sont là pour vous aider à les réparer. On en compte 35 dans l’agglomération lilloise. Circonflex s’est rendu dans l’un d’entre eux, situé dans le quartier de Bois Blanc, pour rencontrer ses bénévoles.

Nous arrivons au rendez-vous sous la pluie. Patricia, employée à la maison de quartier de Bois Blanc depuis 35ans, nous accueille dans un des locaux réservés aux associations. A notre arrivée, l’odeur réconfortante du chocolat chaud nous fait presque oublier le mauvais temps. Sur les murs, des dessins d’enfants et une immense sculpture en papier posée sur le sol.

Ici, les bénévoles se relaient pour tenter de donner une nouvelle vie aux objets cassés que le public amène. « Nous ne sommes pas tous des experts mais chacun fait ce qu’il peut. On s’entraide, entre gens du quartier » nous explique Patricia, tout en préparant le petit déjeuner. « Évidemment parfois on n’y arrive pas, mais on moins on aura essayé et c’est le plus important ».

« Là au moins je vois du monde et j’aide à mon niveau »

Martine est la première à venir demander de l’aide ce matin. La retraitée de Bois-Blanc a un problème avec son aspirateur. Elle s’assied et, tout en touillant dans son café, explique l’origine de ses ennuis. « J’ai essayé par moi-même de le réparer en mettant de la colle, mais visiblement ça n’a pas marché ! » nous dit-elle en rigolant.

André, Dédé de son surnom, prend en charge l’aspirateur défaillant. Ce bénévole depuis des années explique arriver à tous les ateliers 30 minutes en avance pour ne surtout pas louper les premières personnes qui viennent. Toujours au rendez-vous pour aider, il est une des nombreuses bonnes fées du lieu. Et quand il n’arrive pas à faire de miracle, André ne se laisse pas abattre. Il emmène l’objet dans son garage, où il fera d’autres essais avec ses outils. « J’ai fait beaucoup de métiers manuels, donc autant que je partage mon expérience avec tout le monde. Et puis ça m’occupe, je refais plein de choses chez moi, ma cuisine, ma chambre. Là au moins je vois du monde et j’aide à mon niveau ». Martine repartira dans quelques jours avec son aspirateur comme neuf, sans avoir dépensé 1 centime !

On change de table, et on arrive face à Said. Lui est venu essayer de refaire marcher sa meuleuse abîmée par le temps. Ce jeune retraité (comme il se décrit) est bénévole au jardin des Agrions, une autre association de quartier qui développe des espaces de permaculture.  Malheureusement pour lui, aujourd’hui, son outil ne pourra pas être réparé. «C’est pas grave, j’en trouverai un autre » concède-t-il. « Mais j’ai voulu venir quand même. Imaginez si c’était qu’un petit détail technique et que je l’aurai jeté. Maintenant on est sûr que c’est direct à la déchetterie ». Et si la magie n’a pas opéré pour Saïd, il est sûr de revenir dans ce Repair Café. Pour lui, cette association permet aussi de dynamiser le quartier.

« Ça va devenir le blabla café ici si ça continu ! »

« Peu à peu on arrive à créer une cohésion de quartier et une convivialité, qui était absente avant », nous explique Sébastien, bénévole qui accompagne l’ouverture des Repair Café. « C’est un lieu convivial où habitants et bénévoles peuvent échanger ensemble, mais on n’est pas une entreprise de réparation : on répare pour les gens et avec les gens ! ». L’autre partie du travail, c’est la communication. Pas facile de trouver des bénévoles, passionnés ou non de bricolage, ni d’ouvrir de nouveaux ateliers.

                            

Mais ces Repair Café sont devenus des lieux de rendez-vous et de rencontres au fil du temps. Et ils comptent de nouveaux adeptes. « Tout le monde se connaît ici, on se croise aux différents ateliers, à la boulangerie et on vient les weekends discuter autour d’un café », ajoute François, venu réparer son robot mixeur. « Ça va devenir le blabla café ici si ça continue ! » ajoute en riant un des bénévoles. A la fin de la matinée, 10 personnes sur 14 participants sont reparties avec leurs objets restaurés. L’objectif est atteint pour ces bénévoles, qu’on retrouve tous les premiers samedis du mois.