Il était une fois Circonflex au temps des renarts

Depuis le 10 novembre 2021, Le Collectif Renart nous emmène à l’époque du Roman de Renart, un ensemble de récits du Moyen-Âge. Un voyage temporel à retrouver au musée de l’Hospice Comtesse. Jusqu’au 13 mars, vous aurez l’occasion de découvrir comment les animaux des fables auraient été présentés au 17ème siècle par les renarts de 2022. Visite guidée par Lady Alézia, l’une des graffeuses, pour CirconflexMag.

Le Collectif Renart est un groupe de graffeurs de la région lilloise qui s’associent depuis les années 90 pour « faciliter l’accès à l’art pour tous et partous ». Ils se sont démenés pendant 2 mois pour présenter cette exposition qui remet au goût du jour un ensemble de récits médiévaux au sein de l’Hospice Comtesse, le deuxième plus vieux bâtiment de Lille. Un ensemble d’œuvres représentant un monde utopique à la croisée des fabulistes et du Hip Hop.

Fresque La Braderie – Logick (1)

Dignes héritiers du grand goupil

Votre voyage commence derrière les énormes portes en bois de la salle des malades. Une pièce immense, et un décor digne de la Renaissance en noir, blanc et sépia. Une calligraphie en vieux français dénote, en plein milieu : « Éternels devant la ruse, et dignes héritiers du grand goupil, les renarts s’adaptent au gré des décors, des époques, des grandes dames et des seigneurs ».
Une fois ce panneau passé, l’anamorphose de l’Hospice Comtesse apparaît. Les couleurs et les sons envahissent le lieu, tout comme les animaux du Roman de Renart qui sont omniprésents sur les tableaux.

Anamorphose- Vianney Daltes

Sourires et surprises garantis

Les œuvres, parlons-en. De la Grand’Place animée par des animaux anthropisés, en passant par une tête de dragon musicale, Lady Alézia nous montre comment le collectif a imaginé les œuvres de l’exposition permanente à sa manière. Sur la gigantesque fresque de La Braderie graffée par Logick, les visiteurs s’amusent à regarder les animaux imiter les humains sur la Grand’ Place du 17ème siècle. L’artiste a pris soin de glisser des objets d’aujourd’hui. Sourires et surprises garantis à la découverte d’un renard portant un masque ou qui achète des petits trains au marché.

Fresque la Braderie – Logick (2)

Un coup de jeune

Et il n’y a pas que les lieux les plus connus de la Capitale des Flandres qui soient détournés. Les œuvres résidentes du musée ont elles aussi eu le droit à un coup de jeune. Dans sa réinterprétation de la 14ème expérience aérostatique, le graffeur Danyboy a imaginé la tête des chiens que l’on utilisait pour délester les montgolfières à leur apparition. PI80, quant à lui, a transposé son « pirsonnage » (sa bombe de peinture) comme il l’appelle, avec le portrait de Thomas Joseph Gombert. Sûrement un moyen pour lui d’expliquer qu’il se voit dans ses œuvres, comme l’objet qu’il utilise. Mais même si certaines œuvres sont reprises à la sauce graff sur le ton de l’humour, les messages qu’elles cachent restent présents et sérieux.

Une allégorie de la Graffeuse

Lady Alézia a par exemple réinventé la statue de l’Allégorie de la Justice dans un triptyque qui évoque une vraie femme. « Reprendre Thémis, le symbole de la justice, est en fait une allégorie de la graffeuse, sourit notre guide du jour. Thémis est aveugle, donc impartiale, mais elle sait que c’est ainsi que justice sera faite. » Les rapports que les graffeurs entretiennent avec la justice restent électriques, mais Lady Alézia a décidé de les représenter comme un symbole apaisé par le temps. Par ailleurs, si vous avez l’occasion de visiter le jardin médicinal de l’Hospice, cherchez les fleurs que vous trouverez dans les graffs d’Alézia.

Une expérience entière

En mélangeant leur personnalités, les artistes ont impliqué le public grâce à des œuvres interactives. Le Chronomix a particulièrement retenu notre attention. Il s’apparente à une frise chronologique un peu originale, mais ce mur est en réalité un instrument de musique à mi- chemin entre passé et futur. Votre épopée temporelle sera finalement un lieu pour laisser libre cours à votre imagination.
Bref, vous l’aurez compris, votre retour au temps des renarts ne sera pas uniquement un voyage oculaire, mais une expérience entière à laquelle vous êtes invité à prendre part jusqu’à la mi-mars.

Infos pratiques
Lieu : musée de l’Hospice Comtesse (32 rue de la monnaie, Lille)
Date de fin : 13 mars 2022
Horaires : lundi 14-18h/ Du mercredi au dimanche 10-18h
Tarifs : 2,60€ / Gratuit pour les moins de 12 ans