LUCIE LEGUAY DONNE LE RYTHME !

« Je ne suis pas trop en retard, ça va ? » Lucie Leguay est tout sourire, valise et tenue de scène à la main. Cette jeune chef d’orchestre assistante lilloise mène une vie à 100 à l’heure pour exercer sa raison de vivre : la musique. Pianiste depuis ses 3 ans, elle vient d’être récompensée par les Victoires de la musique classique. Entre deux répétitions, elle nous en dit un peu plus sur sa vocation.

« J’ai toujours su que je ferais de la musique » déclare Lucie Leguay, de but en blanc. Un coup de baume à lèvres, et elle reprend « Je ne me voyais pas faire autre chose que ça. C’est ancrée en moi ». Elle reconnait que la musique fait partie intégrante de son environnement « J’ai commencé le piano à l’âge de 3 ans avec mon père. Puis j’ai fait du violoncelle et je me suis intéressée … un petit peu à tout ».

Un métier de l’ombre

Dès le collège, elle suit une formation avec des horaires aménagés : « Pendant que les enfants jouaient dehors l’été, moi, je passais 8h par jour à travailler mes gammes. J’adore la musique, mais il faut reconnaître que c’est beaucoup de sacrifices », avoue la jeune prodige. Arrive ce qui devait arriver : quelques années plus tard, elle décide de se tourner vers la direction d’orchestre, en embrassant le métier -peu connu- de chef d’orchestre assistante : « J’ai rencontré un professeur que j’appelle Maitre Yoda, qui m’en a vraiment donné l’envie ». Et c’est avec enthousiasme qu’elle déroule la liste des missions qui incombent à ce métier de l’ombre : « Souvent, je suis dans la salle pour écouter d’une oreille extérieure ce qui se passe au sein du groupe. Je conseille le chef d’orchestre, je l’accompagne, cela m’arrive de le remplacer, et je créé des productions ». Un métier et surtout un rôle qui la passionne : « Je suis le lien particulier entre le chef et l’orchestre » conclut-elle simplement. Le lien musical, voilà ce qui plait tant à Lucie Leguay : « La musique fédère les gens, affirme-t-elle. Un orchestre, c’est une microsociété, composée d’individus -les musiciens-. C’est aussi un collectif, il n’y a aucun contact entre les membres de l’orchestre et pourtant on échange tout le temps, que ce soit par les gestes ou par le regard »

« Je vis avec ma valise »

La vie trépidante de Lucie Leguay parfois l’épuise un peu : « Mon rythme de vie est très fatigant. Je suis toujours dans l’action, j’ai une vie de voyage », confie celle qui est allée aux Pays Bas, en Corée du Sud, en Italie, en Colombie et dans bien d’autres destinations qui font rêver. Et pourtant le voyage, elle n’en profite pas vraiment « Quand je débarque dans une ville, je travaille de 9h à minuit. Si j’arrive à apercevoir sa place, c’est un miracle ! » plaisante-t-elle. Pourtant, quand elle entend au loin la mélodie d’un joueur de rue, elle prend toujours le temps de l’écouter un peu : « Je suis toujours touchée d’entendre un musicien jouer, peu importe son niveau ». Une pause dans son agenda chargé qui lui fait du bien « On ne s’arrête jamais assez sur les choses, alors je prends cinq minutes pour retenir le temps ». Cette vie d’itinérance, elle ne l’échangerait contre rien au monde « Aucune de mes journées ne se ressemble, on ne sait jamais à quoi s’attendre » résume-t-elle le sourire aux lèvres.

Manteau sur le dos, les mains chargées, elle est contrainte de s’échapper. D’ici quelques jours, elle sera à Amsterdam, puis à Metz, puis à Bordeaux. Et si vous parvenez à apercevoir en coup de vent Lucie Leguay dans sa région natale, ce sera sans nulle doute avec une valise à la main !