À l’affiche : Le Mal n’existe pas

Ce mercredi 10 avril était marqué par la sortie de Le Mal n’existe pas de Ryusuki Hamaguchi. Le dernier métrage du réalisateur japonais, poétique et très engagé écologiquement, affole déjà les critiques. Circonflex Mag ne pouvait pas manquer cela.

Si vous passez devant le Majestic et UGC, vous ne verrez pas la splendide affiche du film Le mal n’existe pas. Il faudra vous rendre au Métropole pour faire la rencontre de Takumi et de sa fille Hana qui vivent à Mizubiki, près de Tokyo, une existence modeste et harmonieuse, en symbiose avec l’environnement qui les entoure. Ce calme apaisant va soudainement être remis en question avec le projet de construction d’un camping glamour dans la petite commune. Cette annonce va considérablement affecter la vie des villageois.

Le Mal n’existe pas s’attache à dépeindre les relations humaines pour questionner le rapport à la nature. Dans ce métrage contemplatif, les interactions les plus sincères sont celles que nos personnages, attachants et mystérieux, créent avec leur environnement. Servi par une photographie absolument dingue et une musique envoutante, Hamaguchi délivre ici son métrage le plus humain, dans une histoire pourtant dénuée de contact physique avec autrui.

Un film touchant par son ambiance et ses visuels

Jean-Baptiste, JB pour les intimes, grand par la taille et par la passion qu’il porte à la photo, ne cache pas son emballement à la sortie de la séance : « j’ai complètement été pris par le film, par ses couleurs et son histoire. Les scènes en extérieur faisaient penser à des rêves, c’était vraiment trop beau. Il m’en faut peu, de toute façon, pour adhérer à ce type de proposition ! ». On retrouve ensuite un visage familier. Oui, c’est Éloi ! Notre critique, qui avait encensé Vampire humaniste trois semaines plus tôt, est un fidèle client des salles obscures. Dans une tenue cette fois plus classique, il clame encore haut et fort son amour pour le cinéma :« Le Mal n’existe pas m’a touché par son ambiance, sa lenteur. Je sais que le film va diviser, mais le fait que le réalisateur prenne son temps pour tout bien développer fait que l’on s’attache aux personnages, profondément humains. En plus, c’est vraiment soigné visuellement, c’est impressionnant ! »

Un film très prétentieux pour pas grand-chose

Éloi avait raison… le film divise et cela se ressent déjà pendant la séance. À gauche, un jeune homme dort profondément, bouche ouverte. À droite, Julien, cinéphile à ses heures perdues fait des allers-retours sur son téléphone pendant la projection ( Ne faites pas cela ! ), il n’en peut plus. « J’ai simplement une question pour le réalisateur : pourquoi faire ? Je veux dire que le film à des qualités de photos indéniables mais pour le reste, ce n’est pas intéressant. Le côté écologique est sous-exploité, ça dénonce timidement la société et ça raconte timidement quelque chose, voire même rien. Je suis vraiment déçu. Heureusement que la fin est géniale pour rattraper tout ça. » Notre voisin de gauche est réveillé. Il est venu avec ses deux amis. Les trois partagent la même impression après ces 1H46. « Les louanges seront les mêmes à chaque fois… On va donc parler de ce qui ne va pas et ça se résume en deux mots : c’est long ! On est client des films de ce réalisateur habituellement mais là, c’est très prétentieux …et pour pas grand-chose. Les scènes tirent en longueur, c’était une lutte pour en finir. En tout cas, la sieste était réparatrice… », conclut notre dormeur favori.
Ce qu’il faut en retenir, c’est que Le Mal n’existe pas est une proposition qui mérite le détour… ou le sommeil, en fonction de nos adhésions cinématographiques. Un métrage au style unique, qui brille par ses visuels et son rythme, qui toucheront plus ou moins nos habitués du grand écran.