L’eSport, comprenez compétition de jeux vidéo, connaît une explosion de popularité depuis maintenant quelques années. Longtemps décrié pour ses différences avec les disciplines sportives classiques, il a su à la fois convaincre les amateurs de jeux-vidéo mais aussi les sponsors, et même des clubs sportifs. Dans ce contexte, un grand nombre d’équipes plus ou moins professionnelles prennent vie. Rencontre avec Rémi, étudiant et président de Falk Esport, une jeune structure du nord de la France, qui vit entre la passion et l’ambition.
Comme presque tous les étudiants de son âge, Rémi Domingos a grandi avec les jeux vidéo. L’adrénaline du défi, la célébration d’une victoire, mais aussi les déceptions transforment vite cette pratique en hobby. Ces heures de parties jouées pour accumuler des récompenses et un statut alimentent son amour de la compétition. Pour lui, l’important n’est pas de participer, mais de gagner. Depuis sa commune de Noyon, il aurait aimé devenir professionnel. Mais très vite rattrapé par la vie d’étudiant, il troque le clavier et la souris pour les fiches de cours, et arrive à Lille à la rentrée 2021.
Près d’un an plus tard, Un jour d’octobre 2022, frustré de ne pas pouvoir s’investir davantage dans sa passion, il décide de créer sa propre équipe d’eSport. “J’ai voulu offrir le projet que j’aurai aimé que l’on me propose” nous confie-t-il. Comme pour toute aventure, il faut des associés déterminés qui croient au projet. Gautier, son colocataire et membre de l’équipe, va prendre le rôle de trésorier.
« On passe d’une structure sympa entre copains à une structure qui recherche des milliers d’euros »
Les deux lillois d’adoption finissent par développer une relation d’associés entrepreneurs. “On est souvent en désaccord. Heureusement, l’amitié nous aide dans ce projet. Mais il faut y faire attention”. Rémi et ses associés se réunissent tous les dimanches pour régler l’administratif, une charge de travail colossale. “C’est vrai que quelquefois je me dis qu’il y a trop de choses à gérer pour des gens de 19 ans”. Avec l’appui d’une agence, Falk est devenu une association. Le statut se solidifie, mais l’équipe cherche activement des partenaires. “On est passé d’une structure sympa entre copains à une structure qui recherche des milliers d’euros” sourit Rémi.
« L’argent ? C’est le nerf de la guerre ! »
L’argent est la plus grande des distinctions entre amateurs et professionnels. Plus une organisation sportive possède de fonds, plus les performances s’améliorent. Aujourd’hui, les membres de Falk ont accès à des infrastructures et des services qui donnent un avantage compétitif face à certains adversaires, moins financés ou structurés. Et ont un modèle dans le développement : la Team Vitality. “Leurs locaux sont au Stade de France, et ils ont des coachs et des diététiciens. Ils n’ont pas grand-chose à envier aux autres athlètes de compétitions sportives traditionnelles. C’est là où tu comprends que l’argent, c’est le nerf de la guerre”. Un plafond de verre qui ne gêne pour le moment pas les ambitions de Falk Esport. “Notre but n’est pas de professionnaliser les joueurs, mais de les accompagner.” Créée depuis 6 mois seulement, Falk espère d’ici les années à venir, se faire une place dans ce milieu très compétitif.