C’est fait. L’emblématique président Michel Seydoux quitte le LOSC après quatorze ans à la tête du club. Entre Europe et trophées, retour sur le chemin parcouru durant toutes ces années.
Clap de fin. Le plus footeux des producteurs de cinéma a tiré sa révérence vendredi soir au stade Pierre Mauroy devant des dizaines de milliers de supporters. Michel Seydoux et le LOSC, c’est une vieille histoire qui est née en janvier 2002, lorsqu’il décide d’acheter des parts du club. Pas forcément évident comme équation : il est Parisien pur souche (amoureux du septième arrondissement), et a très peu d’expérience dans le sport de haut niveau, si ce n’est une place d’administrateur pendant quelques années à… l’Olympique Lyonnais, où son frère Jérôme détient des actions. Mai 2002 : le rêve un peu fou se concrétise. Signature entre Seydoux et le LOSC, fraîchement promu en Ligue 1 une saison plus tôt et déjà quelques matchs de Coupe d’Europe au compteur. L’objectif ? Stabiliser ce club discret, donner un peu d’allant à la modeste ville de foot qu’est Lille et surtout, se faire plaisir.
Le doublé coupe/championnat de 2011 comme point d’orgue.
Plaisir. Le mot est dit. Car rares sont les investisseurs qui gagnent de l’argent dans le football professionnel. Et pourtant ! Presque quinze ans plus tard, le Lille Olympique Sporting Club a tracé sa route. Seydoux aura assisté à 721 rencontres, 313 victoires, 92 matchs européens ; fait naître le sublime Domaine de Luchin (centre d’entraînement et QG du club) ; inauguré le stade Pierre Mauroy, que l’on ne présente plus… Mais au-delà de tout ça, Seydoux, c’est forcément 2011. Une saison de folie, des joueurs hors norme, et à la clé, un titre de champion et une coupe de France. Dès lors, oui, sous la présidence Seydoux, Lille est devenue une terre de foot.
Et ça, les supporters ne sont pas prêts de l’oublier… Quand on les interroge sur leurs souvenirs les plus forts de l’ère Seydoux, le doublé de 2011 revient quasi systématiquement. Tout comme les grands soirs d’Europe (surtout parce que cette époque paraît bien lointaine) : « La victoire 2-0 contre le Milan AC, chez eux en 2006, qui nous qualifie en huitièmes de finale de Ligue des Champions… La qualification à Fenerbahce, les diverses confrontations contre Manchester United… » se souvient Théophile, supporter lillois. Mais aussi quelques dates de championnat ou de coupe : « Le match de dingue contre Lyon en 2009, gagné 4-3 dans le temps additionnel, le beau jeu de l’ère Garcia, la dernière d’Eden Hazard en 2012… ». Hazard et Seydoux, sûrement les deux légendes du LOSC version années 2000. Au-delà de l’homme d’affaire, c’est aussi le dirigeant qui a laissé son empreinte auprès d’un public tout entier. « Il n’était pas de la région, on ne le connaissait pas, mais il est devenu Dogue avec le temps. Sa mentalité colle parfaitement à Lille, il a une philosophie basée sur le travail et la modestie, ce qui a fait du LOSC un club très apprécié en France », soufflent des passionnés, attablés à une terrasse du Vieux-Lille. Et on lui reconnaît aussi une belle personnalité : « Drôle, cultivé, souriant. »
Drôle, cultivé, souriant…
Après le titre de champion, le club a quand même connu une passe difficile, avec de mauvais choix de coach et des carences économiques lourdes, dues aux coûts du nouveau stade. Seydoux aurait pu vendre le LOSC à des investisseurs étrangers de tous horizon. Mais il a préféré prendre son temps pour trouver un bon successeur, digne de prendre sa place : Gérard Lopez, homme d’affaire luxembourgeois, comme lui dingue de foot et de beau jeu. Désormais dans les cafés lillois, on s’accorde tous à reconnaître une chose : Michel Seydoux demeurera éternellement au Panthéon du LOSC.