Un jeudi pas comme les autres . Ce 13 janvier, sous un grand soleil d’hiver, enseignants, parents, infirmières scolaires et enfants, pancartes à la main, ont défilé dans les rues de Lille pour dire que « trop, c’est trop ». Circonflex y était.
C’était annoncé partout. Jeudi 13 janvier, c’est la grève. Ce jour-là, des milliers d’enseignants ne se sont pas présentés dans les écoles, collèges et lycées. Et nombre d’entres eux étaient dans les rues pour dénoncer le comportement méprisant de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation. « Le virus, c’est la partie visible de l’iceberg. Mais en dessous, il y a tout ce qui s’accumule depuis le début de quinquennat de M. Blanquer », reconnait une maitresse de maternelle .
« On quitte l’école le soir sans savoir à quoi va ressembler le protocole le lendemain »
Ces dernières semaines, les établissements scolaires ont fait face à des changements de protocoles sanitaires rapides et à court délais. Les enseignants dénoncent un manque de communication du côté de gouvernement. « On nous fait des annonces dimanche soir pour lundi matin. On apprend les nouvelles via la presse, nous sommes les derniers à être informés. Il faut regarder BFM pour être au courant de l’actualité alors qu’on devrait recevoir les infos dans nos boîtes mail professionnelles. On quitte l’école le soir sans savoir à quoi va ressembler le protocole le lendemain. C’est du mépris au quotidien », explique une maîtresse de primaire.
« Se faire tester tous les deux jours et devoir signer des attestations sur l’honneur – ce n’est plus possible ! »
Les parents participent également à ce mouvement. La FCPE, première organisation de parents d’élèves, a invité les parents à se mobiliser jeudi pour protester contre la gestion de la crise sanitaire. Des parents d’élèves lillois sont présents à la manifestation. « Si aller en cours veut dire se faire tester tous les deux jours et devoir signer des attestations sur l’honneur, ce n’est plus possible », soupire une mère de deux élèves. « Je pense que lui le premier en a marre de se faire tester tous les trois jours », remarque un père venu à la manifestation avec son petit garçon de cinq ans. “Aujourd’hui on est à la rue, je préfèrerais que mon fils soit à l’école en train d’apprendre à lire et à compter. On a besoin d’un changement », ajoute-t-il.
« On n’est pas là pour répondre aux imperfections du gouvernement »
Le manque de remplaçants des professeurs touchés par la Covid-19 est une réalité, qui trouble les écoles depuis des mois. Alors, quelle solution ? L’éducation nationale a décidé de faire appel aux jeunes retraités pour renflouer les rangs. Résultat : les anciens professeurs participent à la manifestation, pas uniquement par solidarité avec leurs collègues, mais aussi parce qu’ils se sentent concernés. « Il y a eu de nombreuses suppression de postes il y a 20 ans, on en subit les conséquences aujourd’hui », explique un ancien professeur d’histoire-géographie. « On a travaillé pendant 42 ans, on n’est pas là pour répondre aux imperfections du gouvernement quand ils ne recrutent pas », s’exclame le retraité.
« Je ne suis pas parfait, je fais des erreurs »
La grève a eu lieu, les manifestations aussi. Mais quelle est la réaction du ministère ? Le soir même de cette grève nationale, Jean Castex et Jean-Michel Blanquer ont réuni les syndicats d’enseignants. Après trois heures de discussion, les annonces sont tombées : commande de cinq millions de masques FFP2, et recrutement de 8000 contractuels en renfort pour les établissements scolaires. « Je ne suis pas parfait, je fais des erreurs », a reconnu le ministre de l’Éducation vendredi matin sur le plateau de Franceinfo.
Cette manifestation a réuni 3000 participants dans les rues de Lille selon les syndicats – 1500 selon la préfecture. Et une école sur deux est restée porte close.