De ses débuts modestes à la direction des spectacles du Parc Astérix, Hervé Bruneau raconte son parcours professionnel, comment il a construit son propre chemin à coups de culot, de contacts bien gardés… et de mails de bonne année.
Fils d’agriculteurs en Poitou-Charentes, Hervé Bruneau n’était pas destiné à faire danser des Gaulois sous les feux des projecteurs. « Je savais juste que j’aimais écrire et être en contact avec les gens ». Ne voulant pas suivre le chemin de ses parents, il s’oriente vers un BTS tourisme et décroche un stage au Futuroscope. Comment ? « J’ai joué la carte du culot : j’ai utilisé LinkedIn, passé des appels, et me suis même rendu sur place ».
Un simple mail de bonne année à son ancien tuteur le rappelle à son bon souvenir et lui ouvre une porte au Futuroscope : « ils avaient besoin de quelqu’un au service spectacle, j’ai dit oui sans hésiter ». Il enchaîne différentes casquettes : manager, chef de projet, puis responsable de service. « Je me rappellerai toujours d’un certain mois de juin. Il fallait organiser 4 évènements dont le NRJ Music Tour devant 25 000 spectateurs. Mon rôle, c’était de donner l’informations à tous les services présents sur place, les restaurants, les saisonniers…C’était intense, mais je me suis senti tellement à l’aise et dans ma zone de confort »
« Un petit mail de bonne année … ça peut toujours être utile »
Et puis, la fameuse crise de la trentaine frappe. Hervé quitte le Parc pour découvrir l’univers de la Scène Musicale à Paris. Là-bas, il organise de nombreux événements dont les Victoires de la Musique.
Mais devinez quoi ? Un autre mail de bonne année, destiné à son ancien directeur, lui ouvre de nouveau une porte « Il m’a proposé une opportunité au Parc Astérix, et j’ai d’abord dit non. Quatre mois et un déjeuner plus tard, je prenais la tête des spectacles » ! Hervé en rigole encore : « un petit mail de bonne année … ça peut toujours être utile ».
« Un petit jeune de 32 ans qui vient remplacer une personne en place depuis 25 ans »
« Passer directeur artistique, c’était une révolution pour moi », confie-t-il. Entre création de parades, bars immersifs, spectacles de plongeons, il lui a fallu prouver sa légitimité. « Quand je suis arrivé, j’étais un petit jeune de 32 ans qui venait remplacer une personne en place depuis 25 ans ». Il explique : « Petit, je voulais tout le temps être le meilleur. En tout. Je me suis rendu compte que pour que cela fonctionne, il fallait s’entourer d’experts meilleurs que soi et se nourrir de leurs expériences ». Il a alors écouté et discuté avec les chorégraphes, les costumières, les ingénieurs du sons … « Un spectacle, c’est une création à plusieurs mains. J’avais besoin qu’ils me montrent le chemin ». Résultat : avec un budget annuel de 7 millions d’euros et la gestion de 600 saisonniers, Hervé imagine des shows pour des milliers de visiteurs.
« J’ai envie d’être ce père qui est présent et qui peut aller chercher son fils à la crèche »
Après six ans de travail intense, il décide de prendre un nouveau chemin. « Mes parents et mes amis n’ont rien compris : j’avais tout, un bon salaire, une voiture de fonction. Et surtout, des places gratuites pour aller au parc Astérix », dit-il en rigolant- Mais il explique « Aves mon expérience, et le plaisir que j’ai pris durant ces années, j’ai eu envie de me spécialiser dans la réalisation de spectacles. En plus, je vais devenir papa. J’ai envie d’être ce père qui est présent, qui peut aller chercher son fils à la crèche. Il me faut de la flexibilité dans mon travail ».
Ainsi naît Live Show Factory, sa société de production de spectacles. Après des débuts difficiles, son premier gros contrat tombe : directeur de production sur la tournée des Zéniths de Dadju et Tayc. « Un ancien collègue de la Scène Musicale m’a proposé de relever ce challenge - iI laisse un petit suspens –j’ai immédiatement répondu oui ! ».
Aujourd’hui, Hervé Bruneau jongle entre projets ambitieux et fidèlité à ses contacts et anciens collègues de travail. Son conseil ? « Osez, même si vous échouez. J’ai raté plein de choses dans ma vie mais je n’ai jamais autant appris qu’en voyant ce qu’il ne faut pas faire. Tout est possible, c’est une question de contacts et de volonté ».