Agnès Varda arrive à l’Institut pour la photographie

Pour démarrer leur mission d’exploration dans les archives d’Agnes Varda, l’Institution pour la photographie a opté pour un départ logique : la première exposition de la réalisatrice de la nouvelle vague, organisée en 1954.

Le petit carton d’invitation original, suspendu dans l’une des salles de l’exposition, donne rendez-vous au 86, rue Daguerre à Paris, le 1er juin 1954, dans la cour de la maison d’Agnès Varda.  La réalisatrice y exposait ses premiers clichés en tant que photographe professionnelle.

Le carton d’invitation original produit par © Agnès Varda en 1954

 

 “Balbutiement”

Après l’obtention de son CAP photographie, Agnès Varda, alors âgé de 26 ans, tient à matérialiser son expérimentation personnelle avec ce médium. Elle capture une diversité de sujets et de situations. La place du cadrage est fondamentale dans ses clichés, où l’on voit une considération accordée aux rapports de taille entre les objets et formes. Giulia Franchino, la responsable de communication et des événements de l’IPP parle d’un « balbutiement » de son approche artistique visuelle. Dès ses début, Agnès Varda a réalisé des paysages et des gros plans saisissants par les nuances de noir et blanc. – « On arrive à percer la sensibilité de Varda à travers les choix des sujets, et la façon de les photographier. »

Une archive vidéo, projetée dans l’une des salles de l’exposition, nous montre l’artiste-photographe dans sa tenue de labeur. On la voit s’installer, construire la mise en scène telle qu’elle l’avait imaginée dans son travail d’exploration. Giulia évoque un «côté loufoque, assez rigolo, un regard bienveillant sur la vie et les gens ».

A l’époque, on est encore très loin du numérique et de Photoshop. « Mais, souligne Giulia Franchino,Agnès Varda arrive à faire passer des émotions à travers la précision des images ». L’argentique et les retouches des pellicules passent par des processus techniques qu’elle a assumés et qui l’ont menée au développement de sa création. La responsable de communication souligne que « l’on peut déjà voir, dans ces premiers clichés, une habitude du regard, une certaine ironiequ’on retrouve dans ses autres œuvres plastiques et cinématographiques”.

La mission de l’institut ne s’arrête pas à la diffusion des clichés de la photographe, elle comprend aussi leur conservation et leur étude : « La deuxième salle est consacrée à des objets photographiques qui se trouvent dans l’atelier, justement pour montrer l’activité d’étude qui va démarrer à partir de ces objets », précise encore Guilia. Des objets jamais vus par le public auparavant.

Cette exposition inédite nourrit la curiosité du public de Varda et s’accommode parfaitement avec le reste de la riche programmation de Perspectives : on y trouve -entre autres- l’œuvre documentaire de Jean Louis Schoelkopf, des photos vivantes de Bettina Rheims accessibles en réalité virtuelle la fantaisie des supports transparents de l’ektachrome d’Ezio dAgostino et beaucoup d’autres. Reste à souhaiter que les échos élogieux qui l’accompagnent encouragent le grand public à profiter de cette dernière saison de l’Institut pour la photographie, avant la fermeture, programmée pendant plus d’un an, en raison d’un projet architectural.

 

Institution pour la photographie : Perspectives
11, rue de Thionville
Jusqu’au 5 décembre