Valérie, le souffle de l’espoir

26 février 2016. Une date comme une autre. Pour Valérie Dufour, c’est un jour qui a bouleversé sa vie. Dans le cadre de la semaine de lutte contre le cancer, cette infirmière béthunoise de 53 ans, aujourd’hui en rémission, se confie à Circonflex Mag pour parler de son cancer du sein. Une maladie qui touche une femme sur huit en France…

 

Circonflex Mag : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous aviez un cancer du sein ?

Valérie Dufour : Quand le radiologue me l’a annoncé, j’ai cru que j’étais dans un film, que c’était une blague. J’étais seule dans la salle d’attente et une infirmière est venue me chercher. Sur le moment, je l’ai trouvé gentille parce qu’elle m’a proposé d’attendre mon mari. C’est seulement après que j’ai compris pourquoi elle voulait que je sois accompagnée… Ce jour-là, mon monde s’est écroulé. Je me suis dit que je n’en avais plus pour longtemps. J’ai toujours redouté le cancer. C’est un terme assez violent, qui est encore synonyme de mort, même si maintenant il y a des traitements.

 

 

Quel a été le signe déclencheur ?

Comme je suis infirmière, j’ai le réflexe de me palper souvent les seins. En janvier 2016, j’ai senti une petite boule. Je ne me suis pas inquiétée : trois mois avant, j’avais fait une mammographie et le résultat était normal. J’ai quand même pris rendez-vous chez la gynécologue. Deuxième mammographie, échographie… On m’a dit que c’était bénin… Je pense que c’est mon côté anxieux qui m’a sauvé la vie, parce que j’ai insisté pour qu’on fasse une biopsie. Quinze jours après, le résultat est tombé : j’avais un cancer du sein.

 

Je suis en rémission sous hormonothérapie

 

Etiez-vous un cas particulier ?

J’ai eu un cancer infiltrant qui s’est propagé dans des ganglions. J’ai eu de la chance, j’ai pu être opérée rapidement. Mais le cancer s’est avéré beaucoup plus agressif que prévu. Les médecins se sont rendus compte qu’il y avait plus de ganglions atteints. Il a fallu m’opérer une deuxième fois.

 

 

Quel traitement avez-vous suivi ?

Après mes deux opérations, j’ai dû suivre une chimiothérapie et une radiothérapie. Et depuis quatre ans et demi, je suis en rémission sous hormonothérapie. Ce sont des médicaments que je dois prendre tous les jours. Comme j’ai eu un cancer assez agressif, je dois suivre le traitement pendant au moins sept ans.

 

 

Comment avez-vous surmonté toutes ces épreuves ?

Dès le départ, mon radiologue était positif et c’était très rassurant. Il m’a tout de suite dit qu’il y avait des traitements, que je n’allais pas mourir de mon cancer. Et puis, je ne suis pas quelqu’un de pessimiste. J’avais ma famille avec moi et je faisais confiance en la médecine. J’essayais aussi de faire des choses réconfortantes. C’est pour ça que j’ai rejoint le comité du Nord de la Ligue National Contre le Cancer en 2016.

Évidemment, il y a des moments où c’est difficile car, même si on est accompagné par nos proches, on est seul face à la maladie. C’est un parcours du combattant que je devais affronter. Par exemple, pendant ma chimio, je n’ai jamais pu me raser la tête. Je regardais mes cheveux tomber. C’était ma façon d’accepter la maladie.

 

 

Rejoindre l’association la Ligue du Nord vous a été d’une grande aide ?

C’était une béquille psychologique. Être entourée de personnes qui ont déjà eu un cancer et qui me comprennent, c’est réconfortant. On pouvait tout se dire. Même les choses qu’on ne voulait pas révéler à nos proches pour ne pas les inquiéter, on en parlait. Je fais surtout référence à notre peur de mourir, à nos angoisses pour savoir si nos traitements vont fonctionner, à notre avenir… Malgré tout ça, il y a toujours eu un discours positif entre nous. On se disait qu’il y avait une solution à tout et qu’on allait être soignés.

 

 

Quelles activités avez-vous pu faire avec l’association ?

C’est vrai que la Ligue du Nord nous encourage à faire plein de choses. A commencer par la sophrologie. J’y allais toutes les semaines. Ça m’aidait à me détendre et à dépasser la maladie. J’ai aussi participé à des ateliers pour apprendre à me maquiller. Quand on est sous chimio et qu’on se retrouve sans sourcils, c’est toujours utile.

Et pour les personnes comme moi qui n’habitent pas près de Lille, l’association nous donne la possibilité de faire des activités proches de chez nous. Par exemple, j’ai pu suivre des ateliers-cuisine, m’initier à la musicothérapie. Il s’agit de produire des sons qui nous permettent de se relaxer. Toutes ces activités proposées nous servent, pour avoir certain un confort de vie, pour mieux avancer.

 

Profiter de chaque instant

 

Quand on a eu un cancer, peut-on parler de « guérison » ?

Non. Le corps garde toujours une trace. Les médecins ne nous diront jamais qu’on est guéri car il y a toujours des risques de récidives. Que ça recommence. Surtout dans mon cas, où quelques cellules cancéreuses se sont diffusées dans mon corps. On se demande toujours : « est-ce que tout a été détruit par la chimio ou est-ce qu’un autre cancer peut se développer ? ».

 

 

Quel impact a eu le cancer dans votre vie ?

Ça a remis en question ma façon de vivre et d’être. Aujourd’hui, je n’arrive plus à me forcer à faire les choses. J’ai appris à profiter de chaque instant et à ne pas trop me projeter. Mais je pense que ce dernier point est à travailler. Il faudrait que je reprenne confiance en l’avenir.

Et aujourd’hui je suis bénévole à la Ligue. J’essaie à mon tour d’aider d’autres personnes.

 

 

Un message à faire passer ?

Peu importe ce qui arrive dans la vie, il faut l’accepter. Il ne faut pas ressasser le passé et se dire que c’était mieux avant. L’avenir, on ne le connaît pas. C’est seulement dans le présent qu’on peut changer les choses et faire en sorte de se sentir bien.

 

 

Dates à retenir :
Janvier 2016 : apparition d’une boule au niveau du sein
Mi-février 2016 : biopsie
26 février 2016 : annonce du cancer. Valérie Dufour a 48 ans.
Mars 2016 : 1e opération
Début avril 2016 : 2e opération
Avril/août 2016 : chimiothérapie
Septembre/octobre 2016 : Radiothérapie
Depuis octobre 2016 : Traitement hormonal

 

 

Maëlan Roussel