Cette année, Circonflex Mag ouvre un bureau à Canterbury. Philippine, notre correspondante, y raconte son quotidien, ses rencontres, bref sa vie d’expat’.
Déjà quatre mois que je suis arrivée chez nos cousins éloignés, les rose-beef. J’étais prête à vivre une toute nouvelle expérience. À rencontrer des gens excentriques, à mal manger. À sortir mon plus beau ciré tous les jours. Pas à changer d’univers.
Débarquée le 1er septembre sur les côtes britanniques, je peux dire qu’avec ma voiture – Poppy – , nous avons eu des frayeurs : rouler à gauche, quelle épreuve. Bon point : la patience et l’indulgence des conducteurs. Grace à leur contribution et leur attention, Poppy et moi, on a évité plus d’un accident ! Ne vous méprenez pas : le cerveau se fait rapidement à la conduite du bon côté mais les torticolis sont quotidiens. Après 30 minutes de conduite outre-Manche, c’est saines et sauves que nous arrivons à destination. Canterbury here we are !
Et moi qui pensais que les Anglais faisaient la fête …
Une fois installée, ayant pris mes aises et mes marques dans cette nouvelle ville, il m’a fallu trouver un nouveau QG. En bonne Française, et rompue de surcroit aux habitudes d’une vie estudiantine lilloise, j’ai parfois –souvent…- coutume de boire un verre après diner. Arrivée dans le centre ville à 21h45. Stupeur. Personne ne m’avait prévenue que les pubs ferment à 23h. J’en avais vaguement entendu parler, mais je croyais que c’était une légende, pour faire peur aux Erasmus. Cendrillon n’aurait pas eu le temps pour un baiser avec ce couvre feu ! Et moi qui pensais que les Anglais savaient faire la fête …
In fact, ils la font. Mais différemment. Les étudiants anglais n’ont rien à envier à nos jeudis estudiantins ! Le lever de coude tradi’ se fait le mercredi chez les jeunes. La semaine est longue, il faut la couper en deux. Si le Nord est connu pour son amour de la boisson, l’Angleterre aime juste boire. Ici, la pinte est bonne dès 18h. Il n’est pas surprenant de croiser un groupe de crabes déambulant sur deux jambes dès 22h.
Une autre chose unexpected : l’emploi du mot “sorry”. Il serait inconcevable pour nous de devoir “s’excuser” H24. Pour mes nouveaux copains, c’est une action de tous les jours. “Sorry” n’est en réalité qu’une facette de la médaille. Il exprime autant une excuse qu’un remerciement. Mise en application : une personne vous tient la porte. Votre réponse : “sorry” (toujours avec un sourire !). Pourquoi ? On s’excuse que cette gentille personne ait du tenir la porte pour nous. CQFD !
Gazeuse, fraiche et avec du goût.
D’ailleurs, une chose pour laquelle les Anglais devraient s’excuser, c’est bien la bière ! Je pensais ne pas déshabituer mon palais aux vraies bonnes choses de la vie, me voilà déçue. Certes, la Guinness est une incontournable mais j’étais à la recherche de plus de sensations. Tant pis ! Mes nouvelles exigences gustatives pour le breuvage malté se résument en trois mots : gazeuse, fraiche et avec du goût. Cette réduction drastique s’est faite petit à petit, pinte après pinte. Je ne suis pas alcoolique –juste une étudiante française lambda qui a fait sa licence à Lille -mais peut-on vraiment appeler bière une boisson peu gazeuse, servie à température ambiante, dont le pourcentage d’alcool peine à dépasser les 5° et au goût indéfini? J’en doute (si un biérologue –je sais, on dit Zythologue- souhaite se prononcer).
Tbf (“to be fair” ou “pour rendre à César ce qui est à César” ndlr) l’Angleterre n’est pas que négativité, bien au contraire. Mais on garde ça – avec gourmandise – pour la prochaine fois ! SEE YOU SOON