A Roubaix, le musée de La Piscine accueille jusqu’au 7 janvier une exposition consacrée au peintre Marc Chagall. L’occasion d’admirer 150 tableaux, dessins ou esquisses, ainsi que de nombreuses autres productions.
C’est au rez-de-chaussée que se trouve l’exposition, à quelques pas du fameux bassin, de ses statues et de ses vitraux. Une suite de couloirs, de pièces colorées, ayant chacune une ambiance particulière, rythment cette exposition. Partout, des tableaux. Mais aussi, sur les murs, des poèmes écrits par le peintre. Rose, bleue, marron : dans ce labyrinthe, au détour de chaque tournant, une nouvelle atmosphère, comme une nouvelle page de la vie de l’artiste. Michèle Deletombe et Françoise Verley sont des visiteuses habituées du musée. Assises sur un banc au milieu des œuvres, elles disent avoir été « attirées par l’histoire de l’exil de Chagall, en lien avec l’actualité et la situation actuelle du monde ». Elles ont cheminé le long des couloirs colorés au fil de leur visite, l’œil attiré par certains tableaux connus qu’elles ont identifiés. Michèle a cependant un regret : « j’ai déjà vu d’autres expositions consacrées à Chagall. Certaines de ses œuvres grands formats nécessitent de prendre un recul nécessaire pour admirer le travail autour de la lumière. Ici, c’est plus compliqué, les salles sont plus fermées ».
Une dimension politique à découvrir
Elles garderont tout de même un bon souvenir de leur visite : « cette exposition, c’est une réelle découverte », s’accordent les deux amies. Salomé Braune, guide du musée, le confirme : « les gens connaissent surtout Chagall pour son côté coloré, la musique et la danse présentes dans sa peinture, le côté enfantin de ses tableaux. Ici, on s’est plutôt concentrés sur les symboles politiques, historiques. On trouve donc des œuvres qu’on ne montre pas forcément. Il y a des couleurs plus ternes, le ciel rouge de la guerre, le noir de la ville. C’est le ressenti qui est le plus important ».
Car si l’on connaît bien l’imaginaire et la poésie de l’art de Chagall, la dimension politique de son travail est moins familière. C’est ici le mot d’ordre. L’artiste a traversé l’ensemble du XXème siècle en tant qu’homme, juif, d’origine russe. « Il va, dans ses tableaux, exprimer cette période à travers ses propres codes », résume Salomé Braune. Une idée confirmée par sa collègue, Lorine Ghis : « Marc Chagall n’a jamais montré réellement dans sa peinture un attachement à une forme d’art politique, mais il va transcrire ce qu’il ressent à travers certaines représentations, toujours avec un grand onirisme, comme s’il peignait un rêve éveillé ».C’est un peu le ressenti que l’on garde en sortant de l’exposition : un rêve éveillé, où l’on s’endort bercé par le bruit de la fontaine de la Piscine, et où l’on se réveille, plus libre que jamais.