Cécile Gaillard : une deuxième chance

Quelle vie après un cancer ? A l’occasion de la Semaine nationale de lutte contre le cancer, Cécile Gaillard prend la parole sur Circonflex Mag. En 2018, les médecins lui ont diagnostiqué un cancer de l’endomètre. Aujourd’hui, elle veut nous faire comprendre que cette maladie n’est pas la fin d’une vie… Mais l’occasion d’en construire une autre.

Ce matin, Cécile Gaillard, une maman de 52 ans, est assise sur le canapé avec son mari. Autour d’un thé, ils se remémorent l’un des moments difficiles qu’ils ont vécu. « A l’hôpital, quand Cécile était en soin intensif, je savais toujours où elle se trouvait. Il y avait des moniteurs cardiaques qui prenaient les constantes des patients. Le sien avait toujours le score le plus élevé. Je me disais qu’il n’y avait aucun doute, c’était sa chambre », se rappelle Huges Gaillard, avant de se mettre à rigoler avec sa femme. Preuve qu’après avoir eu un cancer, on peut avancer. Et en rire !

 

La quatrième cause de cancer chez la femme en France

 

« Un jour au travail, j’ai eu des maux de ventre abominables. J’ai fait une échographie et les résultats ont montré qu’il y avait quelque chose au niveau gynécologique. Le 20 janvier 2018, on m’a annoncé que je souffrais d’un cancer de l’endomètre. Un cas précoce, qui s’est très vite développé et qui nécessitait une ablation chirurgicale », raconte Cécile, responsable commerciale chez TS Nord.

Ce cancer touche la partie interne de l’utérus où se déroule la grossesse. Il est la quatrième cause de cancer chez la femme en France. Les principales personnes concernées sont les femmes ménopausées et en surpoids. Or, pour Cécile, c’était différent. Elle n’avait ni de kilos en trop, ni l’âge pour l’avoir !

 

La vie d’avant, c’est du passé

 

Retrouver son indépendance. C’est la première chose que désirait Cécile.  « J’ai beaucoup perdu en capacité physique et je voulais tout reprendre », explique cette mère de famille domiciliée à Templeuve. Des moments difficiles, elle en a vécu. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle a baissé les bras. Au contraire, sa volonté d’avancer est devenue encore plus significative. « On a tous le souvenir de la première douche seul. On traverse le couloir. On se lave sans aide. Pour moi, c’était comme une victoire. A chaque progression, je me mets des petits défis supplémentaires. Et tous les jours, je me dis que j’irai mieux. »

Cécile est bien consciente d’une chose : pour reprendre sa vie, il faut accepter le fait que celle d’avant, c’est du passé. Elle se donne le droit d’avancer à son rythme mais pas de tourner le dos à ce qui lui est arrivé.

 

 

« Travailler. C’était toute ma vie. Je me suis donc lancée un challenge : reprendre mon boulot », assure-t-elle. Mais revenir dans le monde du travail avec l’étiquette « j’ai eu un cancer » n’est pas si facile que ça. Pour Cécile, tout a commencé quand elle a voulu récupérer son poste. « Mon patron ne voulait pas que je reprenne mon travail. En général, tout le monde pense que, comme on a eu un cancer, on n’est pas apte à grand-chose. Or c’est le contraire. Aujourd’hui, je fais toujours en sorte d’atteindre mes objectifs, même si je le fais différemment ». Finalement, elle prend une décision radicale. Elle quitte son entreprise, trouve un nouvel emploi, et décide de ne pas parler de son cancer. « Je ne voulais pas qu’on m’empêche d’avancer professionnellement. Comme aucun de mes collègues n’est au courant de ce que j’ai vécu, ils n’ont pas de préjugés sur moi. »

 

« Retourner à la vie normale… »

 

Y a-t-il une clé pour avancer après un cancer ? Pour Cécile, oui ! Rejoindre une association d’aide aux malades, c’est ce qu’il y a de plus efficace. L’association Emeraude 59 a été sa solution. « Ce comité a représenté une porte ouverte pour m’aider à rebondir et pour retourner à la vie normale. Sans Martine Pecqueur, la directrice, je n’aurais jamais eu la volonté de persévérer professionnellement », poursuit-t-elle. L’association nous donne vraiment l’impression que rien n’est impossible. Jamais je n’aurais cru être capable de pagayer sur la Deûle ou même de participer à des défilés organisés avec l’ISEG -l’école de communication et de marketing à Lille-. »

 

Se battre pour les autres

 

Autre motivation qui pousse cette responsable commerciale à aller de l’avant : se battre pour les autres. « Depuis 2018, j’ai vu plusieurs amis de l’association mourir. Pour toutes ces personnes qui m’ont donné le goût de revivre, je me dois d’avancer. Je vivrai pour elles. Il faut être déterminé, persévérer et arrêter de se plaindre», affirme Cécile. C’est une manière pour elle de les remercier de la plus noble et symbolique des façons.

 

Bonheur de tous les jours

 

Fatigue. Anxiété. Long rétablissement. Bien des mots négatifs qui résument la période de rémission qui suit un cancer. Mais le bonheur, c’est aussi ce que connaît Cécile. « Je vais bien. Je suis entourée. J’ai un travail. Ce qui fait ma joie de vivre, ce sont les petits bonheurs de tous les jours. Pas besoin de plus. Je suis mon rythme et je m’adapte. »

 

Si Cécile Gaillard a accepté de prendre la parole aujourd’hui, c’est bien pour faire passer un message à tous. « Le cancer n’arrête rien. On fait sa vie avec. Il faut avancer. Et surtout, surtout, ne pas croire que c’est impossible. »

 

Cécile Gaillard et son combat en quatre dates :
20 janvier 2018 : A 48 ans, les médecins diagnostiquent un cancer de l’endomètre
27 février 2018 : Opération avec une ablation chirurgicale.
Septembre 2019 : Autorisation à reprendre le travail
1 janvier 2021 : Acceptée en tant que responsable commerciale chez TS Nord
Maëlan Roussel