jeune femme plage
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Briser l’addiction, retrouver l’indépendance

Entre janvier 2023 et mai 2024, Joane, étudiante lilloise âgée de 21 ans, s’est retrouvée dans une spirale infernale. L’addiction à la drogue l’a transformée. Aujourd’hui, la jeune femme a retrouvé son indépendance face à ces substances, et raconte le chemin qu’elle a parcouru.

« J’ai du mal à me dire que j’étais comme ça, parfois même j’oublie ». Assise dans son canapé, Joane replonge dans ses souvenirs. Il y a encore quelques mois, la drogue faisait partie de son quotidien. « Tout a débuté quand j’ai commencé mes études supérieures », raconte la jeune femme. Comme pour beaucoup d’étudiants, la première année a été difficile. Pour se décontracter, les soirées entre amis sont devenues une habitude. « J’ai commencé à prendre de l’ecstasy lors de ces soirées. » Mais rapidement, elle a compris que son rapport à la drogue différait de celui de ses amis. « J’avais l’impression que ça me mettait juste dans un état normal, je n’étais plus triste, moins anxieuse, juste normale », explique-t-elle.

Les doses ont commencé à être de plus en plus fréquentes, à rentrer dans la routine.  « J’en prenais 1 à 3 fois par semaine, avec des doses de plus en plus fortes. Parfois, j’allais en cours sans avoir dormi. » Mais au fur et à mesure du temps, l’étudiante en droit a vu son état mental se dégrader fortement. Elle décide alors de prévenir sa mère, et de faire une pause dans ses études pour retourner chez elle. Un premier pas qui ne résout pas tout. « Je suis rentrée chez moi et j’ai eu honte, car tout le monde était au courant et je me sentais jugée. »

« Il faut avoir l’envie d’aller bien »

Arrêter est toujours plus simple à dire qu’à faire. En septembre 2023, l’ecstasy laisse place à la cocaïne, une drogue plus dangereuse encore.  « Ça me mettait dans des états pas possibles. J’ai frappé ma sœur, ma cousine, j’ai insulté mes proches, je leur ai menti. » L’apparence physique de Joane change, elle ne pèse plus que 40 kilos pour 1 mètre 60, et son visage est déformé. La jeune femme laisse de côté ses passions, le cinéma et la gymnastique. « J’étais tellement mal que j’avais peur de moi-même, je me détestais. » D’ordinaire joviale et sociable, Joane n’est plus que le reflet d’elle-même.  « Je me suis dit de nombreuses fois qu’il fallait que j’arrête. Je finissais toujours par retomber. Finalement, le déclic pour arrêter, ça m’est venu comme ça. Je pense qu’il faut avoir l’envie d’aller bien. »

Une des clés de la réussite du sevrage selon la jeune femme, c’est l’entourage. « J’ai eu la chance d’avoir une famille hyper compréhensive, on ne m’a jamais vraiment blâmée. ».  Une personne en particulier a joué un rôle important : sa petite sœur Emma, sa cadette de 2 ans. : « Elle n’a pas forcément cherché à m’aider. Mais elle a été témoin de certaines scènes, elle a subi mes excès. » Son sens des responsabilités envers sa jeune sœur a fini par payer : il lui a fait prendre conscience que ce qu’elle faisait était mal, et pas seulement pour elle-même. « Si j’avais un conseil pour les proches d’une personne addict, c’est de ne pas la juger, car elle s’en rend forcément compte. Il faut plutôt chercher à l’accompagner. »

Une indépendance retrouvée

En mai 2024, après plusieurs tentatives, elle parvient à arrêter. « J’ai tout de suite su que c’était fini, que je n’en prendrais plus jamais. Maintenant j’en ai peur, ça me dégoûte presque. » Finalement, cette indépendance retrouvée est presque devenue une nouvelle addiction. « J’étais devenue accro au fait de dire que c’était fini, que je ne prenais plus de drogues, ça me faisait comme des shots de dopamine. » Joane décrit une situation courante chez les ex-toxicomanes. L’envie de montrer aux autres qu’on est à nouveau maître de soi, comme un prisonnier qui sort de prison, et qui savoure sa liberté retrouvée.

Aujourd’hui, assise dans son canapé, Joane regarde devant. Elle a retrouvé ses passions, son caractère d’autrefois, son goût pour les études.  Comme un nouveau départ.

 Auteure : Soleen Mathé