Lille, Porte de Paris, le 19 janvier 2023. Plusieurs milliers de personnes ont répondu présents pour exprimer et revendiquer leur droit au repos : « 64 ans, c’est non ». Un ciel bleu, des températures très basses mais de jolis rayons du soleil ont accompagné la marche militante qui a duré plus de trois heures. L’équipe de Circonflex est partie à la rencontre des jeunes, avec une question : « quelles sont les motivations qui vous poussent à manifester aujourd’hui ? »
Comme un instant hors du temps. Une météo paisible et ensoleillée, aux antipodes d’un peuple contrarié, voire révolté. Tout le monde se tient debout, les yeux dans la même direction, avec un seul et même cri du cœur : Un grand non à une vie de travail prolongé. Les visages sont plus ou moins ridés, plus ou moins jeunes, souriants, inquiets… Un regard nous interpelle, déterminé. Thélio a 22 ans. Il travaille au conseil régional, il est syndiqué et brandit fièrement son drapeau. On lui pose notre question. « On veut nous faire travailler plus longtemps alors que chacun est déjà à bout ». Son avis est tranché, son militantisme retentissant. «Quand on sait que l’espérance de vie en bonne santé, c’est 64 ans, la réforme est tout simplement abjecte ». Le travail, c’est la santé, ou la santé au travail ? Thélio s’est syndiqué jeudi dernier, en prévision de ce rassemblement, il y a vu une manière encore plus forte de s’opposer à ce nouveau projet…
« Je rêvais d’un autre monde »
14h30. Le cortège s’élance au pied du beffroi. Dans cette foule immense, les jeunes Lillois sont au rendez-vous… ce qui amuse et réjouit les adultes, heureux de voir que la cause est intergénérationnelle. On aperçoit même quelques enfants qui accompagnent leurs parents. Les enfants, les générations à venir… c’est Charlotte, 20 ans, étudiante en journalisme, qui en fait son argument « On se dit toujours que la retraite, c’est loin. Mais non, c’est pour nous, et pour nos futurs enfants qu’on doit se mobiliser. C’est pour eux aussi, pour ne pas qu’ils connaissent le pire ».
Ambiance chaleureuse. Les syndicats dansent, crient leurs slogans : « même si Macron ne veut pas, nous, on est là ». Ils laissent parfois place aux paroles de musique qui font sens. La marche chantonne en coeur Je rêvais d’un autre monde… Parfois quelques mots suffisent…
Il arrive aussi que tout s’embrase, que la colère déborde. Une chose est sûre, le peuple s’exprime. Rachel, 19 ans, est étudiante en droit, elle nous explique : « Je viens manifester aujourd’hui parce que c’est notre droit. C’est essentiel. » Secrètement, elle espère aussi que la mobilisation des étudiants en entraînera d’autres et que le gouvernement réalisera combien sa réforme ne fait pas sens.
« Allez les jeunes, on va le faire »
On croise un autre jeune qui nous expose lui aussi ses motivations. Paul 23 ans, déjà dans le monde du travail, est agent de trafic aérien à l’aéroport de Lesquin. Paul, c’est la figure du jeune qui a très vite mis un pied dans le monde professionnel et qui se sent particulièrement concerné aujourd’hui « Moi, je travaille de nuit, dehors, dans le froid, j’ai des horaires décalés sans vraiment de stabilité. ». Il se révolte surtout de la fin des régimes spéciaux et du manque de considération vis-à-vis de la pénibilité au travail :« Je ne me vois pas travailler dans ces conditions jusque 64 ans et au-delà. ».
Tout sourire, Paul. Notre échange se termine par « Allez les jeunes, on va le faire ! ». La voilà, la voix de la génération Z, qui clôture une journée pleine de détermination et d’unité.