Comme la plupart des clubs de football professionnel, le Racing Club de Lens se développe sur plusieurs branches, dont celle de l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du sport. Michaël Derensy, manager de la section Cécifoot, nous a accueilli à la Gaillette pour mettre en avant les caractéristiques de son activité.
Circonflex : Pourquoi cette envie de devenir entraîneur de cécifoot ?
Michaël Derensy : « J’ai eu l’occasion, fin 2013, d’aller sur un tournoi de cécifoot. J’ai été bluffé par ce que des joueurs non-voyants étaient capables de faire sur un terrain. C’était génial ! J’ai voulu en savoir plus. J’ai organisé en avril 2014 une journée de sensibilisation où j’ai fait venir des joueurs de l’équipe de France à Violaines. L’objectif était de montrer ce sport aux éducateurs, aux jeunes et aux parents. On a eu la très bonne idée d’accueillir Allan, qui avait à l’époque 16 ans, et qui souhaitait s’essayer au cécifoot. L’idée a été de l’accompagner et de faire quelque chose autour de lui. »
Comment cette section s’est-elle installée au RC Lens ?
« On a d’abord commencé l’aventure à Violaines. On a cherché une figure emblématique de la région pour devenir parrain. Éric Sikora, à l’époque entraîneur de l’équipe réserve du Racing, a tout de suite répondu favorablement à notre appel. Au fur et à mesure, nous avons entretenu de bonnes relations avec la direction lensoise qui a été sensible à notre projet. C’est en 2018 que nous sommes venus ici, à la Gaillette, pour devenir l’équipe du RCL. Aujourd’hui, on a une vingtaine de licenciés et nous comptons bien ne pas nous arrêter là. »
Pouvez-vous nous présenter le cécifoot ? A quoi ressemble le terrain de jeu ?
« C’est du football pour les déficients visuels. On est sur le même principe que le futsal, c’est-à-dire du 5 contre 5, avec un terrain un peu plus réduit : 20 mètres sur 40, les mêmes dimensions que pour le handball. Il est matérialisé différemment, avec des barrières sur les côtés pour éviter que le ballon et les joueurs sortent en touche.
« C’est avant tout de l’insertion sociale »
Quelles sont les adaptations nécessaires ?
« La première caractéristique du cécifoot, c’est le ballon : il est sonore. Pour garantir l’égalité entre tous, les joueurs portent un masque. Le terrain est décomposé en 3 zones. La zone défensive avec un gardien, seul joueur qui n’est pas non voyant, et qui va pouvoir parler à ses défenseurs. La zone du milieu est réservée aux deux entraîneurs. Pour la zone offensive, une personne située derrière la cage va guider les attaquants sur l’emplacement du but.»
Quelles méthodes utilisez- vous pour adapter l’entrainement au handicap des joueurs ?
« J’utilise un livre tactile, adapté pour les personnes non-voyantes et qui schématise le terrain. On peut catégoriser ça comme de la lecture braille. À l’aide du toucher les joueurs comprennent mes consignes. C’est aussi l’occasion pour eux de mieux se repérer sur le terrain. »
La mise en place d’une équipe comme celle dont vous vous occupez répond à quels objectifs ?
«Nous sommes avant tout dans l’insertion sociale. L’idée de départ, c’est que les gens puissent se retrouver entre eux pour faire du sport. Ensuite, on va aller vers la performance et la compétition. Mais seulement pour ceux qui le veulent et qui le peuvent. »
Ce samedi 8 avril 2023, la section Cécifoot du Racing convie le public à l’inauguration de son nouveau stade, situé rue Châteaubriant à Lens. Le fil rouge de la journée se déroulera aux côtés de l’association Ouvrir les yeux , l’objectif étant de faire de la sensibilisation pour les déficients visuels. La journée s’achèvera par un match avec la présence d’anciens joueurs professionnels du RC Lens, notamment Éric Sikora, parrain de la section Cécifoot.