Touché-coulé

Aujourd’hui 25 octobre 2020, Paris-Roubaix devait sillonner les routes pavées de la région. Si l’Enfer du Nord  est depuis 118 ans un calvaire pour tout cycliste qui s’y frotte, c’est la COVID-19 qui en est devenue un pour les organisateurs de la course. Celle-ci est reportée une deuxième fois au 11 avril 2021.

Le 9 octobre dernier, c’est sur Twitter que les organisateurs ont diffusé l’annulation de la plus connue des courses cyclistes du Nord. Cette annonce fait écho au durcissement des règles sanitaires liées au Covid-19, la MEL étant passée en zone d’alerte maximale. A la demande de Michel Lalande, préfet des Hauts-de-France, l’événement est donc reporté une deuxième fois (Paris-Roubaix était initialement prévu le 12 avril 2020).

Dans la région et plus particulièrement dans la MEL, de nombreux clusters s’étaient reformés depuis le déconfinement en mai dernier. Tout en haut de la (longue) liste des secteurs touchés, les événements sportifs et culturels pâtissent de la situation. Ils sont depuis très limités et réglementés au niveau des affluences et l’annonce du couvre-feu de 21h à 6h ne permet qu’aux clubs professionnels d’organiser leurs matchs à huis clos grâce à des dérogations.  Paris-Roubaix fait les frais de la situation : « Paris-Roubaix suscite chaque année un engouement populaire hors normes. On se faisait une joie (avec tous les partenaires et collectivités) de retrouver la Reine des Classiques même en automne » peut-on lire dans le communiqué.

 

Tests positifs au virus

 

Le report de Paris-Roubaix survient 10 jours après l’annulation de l’Amstel Gold Race, qui devait se tenir le 10 octobre. Pourtant, le calendrier cycliste arrive tant bien que mal à suivre un rythme quasi normal.

Depuis la reprise de la saison le 2 juillet dernier, aucun des autres « Monuments » –Milan-San Remo, le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie– n’a été annulé ou reporté. Tous se sont déroulés sans exception. Tous, sauf Paris-Roubaix. Dans les autres courses dites classiques, la Flèche Brabançonne et la Flèche Wallonne ont toutes deux eu lieu.

Au niveau des Tours, qui restent les plus importants en termes d’affluence sur le bord des routes, rien n’est à signaler. Le Tour de France a réuni énormément de monde tout au long de son parcours pour encourager les cyclistes. Ce qui n’a pas échappé au Président de la République : il a salué, après le Tour, le civisme du public tout au long des 3 semaines de course. En ce moment même, le  Giro  poursuit sa route en Italie depuis plus de deux semaines. La course est néanmoins secouée par une vague d’abandons, suite à des tests positifs au virus.

Le Tour d’Espagne, quant à lui, devrait continuer à se dérouler normalement jusqu’au 8 novembre si les conditions sanitaires ne se dégradent pas plus. Chez nos voisins hispaniques où la situation est particulièrement critique, les organisateurs ont tout mis en œuvre pour que les foules ne s’amassent pas trop. Certains cols comme Le Tourmalet (en France) ou ceux d’Arrate et Orduna seront fermés au public lors du passage des coureurs.

 

Une de mes courses préférées

 

Déception. C’est le terme qui revient le plus souvent après l’annulation de Paris-Roubaix. Directeur du Tour de France mais aussi organisateur de Paris-Roubaix, Christian Prudhomme s’est confié à l’AFP : « Nous sommes déçus et tristes de devoir renoncer à la Reine des classiques […] mais nous comprenons et acceptons évidemment la décision du préfet. La priorité va à la santé des personnes ».

Déception. C’est aussi le sentiment que partage Cédric Vasseur, ex-cycliste. « La situation actuelle doit faire primer la raison avant la passion et l’envie de briller sur les pavés du Nord passe après », comprend cependant le manager général de Cofidis, avant d’ajouter sur une note plus joyeuse « Nous donnons d’ores et déjà rendez-vous à nos fans sur l’édition 2021 ; vive Paris-Roubaix 2021 ! ».

Côté coureurs, les réactions sont plus… tranchées. Wout Van Aert de la Jumbo-Visma s’est lui aussi dit « extrêmement déçu ». Dans Le Soir.be, le coureur belge se justifie : « C’est l’une de mes courses préférées. J’ai travaillé très dur pour être bon jusqu’à là ». Le Calaisien Florian Sénéchal-Staelens, coureur de la Deceuninck Quick-Step s’est vivement exprimé sur Twitter. 6e de l’épreuve en 2019, le Français s’est emporté dans un tweet, déplorant le manque de civisme et les mauvaises attitudes des Français vis-à-vis de la crise sanitaire.

Ce 25 octobre 2020 marquera une nouvelle page dans l’histoire du Paris-Roubaix : en 118 ans d’existence, seuls les deux guerres mondiales ont suspendu  La Reine des classiques. Les courses masculines et féminines de Paris-Roubaix sont reportées au 11 avril 2021… en espérant que le temps soit lui aussi au rendez-vous.

Julien Henninot