Du 12 janvier au 8 février, les soldes d’hiver ont marqué ce début d’année. Après avoir observé un mauvais démarrage, les commerces espéraient une relance. Sans succès.
Chaque année, les soldes d’hiver sont une étape importante pour les petits commerces de l’habillement. Elles permettent d’écouler les stocks et de reconstituer la trésorerie nécessaire à l’achat des nouvelles collections. Janvier est normalement le deuxième meilleur
mois d’activité de l’année pour les entreprises de l’habillement après décembre.
En 2021, l’Alliance du Commerce avait estimé une perte de chiffre d’affaires de 20% pour les soldes d’hiver, comparé à celles de 2019. Qu’en est-il de 2022 ?
L’ambiance dans les commerces était tendue
Dès les premiers jours, l’ambiance dans les commerces était tendue. Les commerçants s’étaient préparés à ce qu’il n’y ait pas foule, mais pas à ce que les rues soient presque vides.
Les causes ? Elles sont nombreuses, et le coronavirus en fait partie. En plus des personnes positives confinées chez elles et des cas contacts, le télétravail obligatoire de 3-4 jours par semaine mis en place du 3 janvier au 2 février a grandement impacté le déplacement des Français dans les commerces. Ajoutez à cela l’absence de tourisme et le retour de l’inflation (+2,9% selon l’INSEE) qui fait augmenter les prix et dissuade d’acheter.
L’Alliance du Commerce observe « un mois de janvier très décevant impacté par les mesures sanitaires », avec des chiffres préoccupants. Une baisse de 24% du chiffre d’affaires en magasin par rapport à 2019. D’après elle, bien que les ventes en ligne aient augmenté et que la dernière semaine des soldes ait vu une légère augmentation d’activité, ça ne suffit pas pour compenser les pertes en magasin, ni pour reconstituer les trésoreries.
« Ces soldes sont une catastrophe. »
À Lille, les petits commerces de l’habillement l’ont vite remarqué : « Vu le contexte actuel, les gens ne veulent pas dépenser » affirme une commerçante qui travaille chez Tie Rack. « Ces soldes sont une catastrophe ». Et selon elle, les raisons de cet échec sont nombreuses : « Déjà, les gens n’attendent plus les soldes pour acheter, il y a trop de ventes privées et de promotions à côté […] C’est sûr que les ventes en ligne nous concurrencent ». Et la concurrence numérique est rude. « On fait du -70%, chose que l’on n’a jamais faite depuis 23 ans que je travaille ici. Mais on est obligé de baisser les prix parce que les gens n’achètent pas ».
Dans les autres boutiques, comme Les Pépites de Clapette, ces sentiments sont partagés. « Par rapport à l’année dernière, on a moins bien vendu. Il faut solder plus, on a du stock, donc c’est compliqué. » Pour s’adapter, de plus en plus de commerces d’habillement lancent leurs sites internet et s’inscrivent sur les réseaux sociaux. La différence s’est faite sentir ces dernières semaines : « Maintenant, les ventes en ligne et nos réseaux représentent une grosse partie des transactions. Des clients viennent nous voir spécialement parce qu’ils ont vu des articles qui les intéressent sur Facebook ».
Mais il reste tout de même de l’espoir pour ces commerçants. Selon Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce, l’allègement des mesures dans l’année à venir pourra être un facteur déterminant. « Dès lors que la situation sanitaire s’améliore, les clients ont plaisir à revenir. Donc on espère qu’après cette cinquième vague, ils seront de retour en magasin. On est quand même très inquiets sur la situation économique globale qui pèse sur les dépenses de consommation et notamment sur celles d’habillement. Nous voulons dire au gouvernement que la crise n’est pas finie, que les commerces sont impactés par les mesures de restriction, et qu’il ne faut pas les oublier dans les mesures de soutien et d’aide mises en œuvre. »
Les prochaines soldes à venir se tiendront du 22 juin au 19 juillet. Les commerçants sont unanimes, ils ne pourront pas compter sur elles pour rattraper les pertes du mois de janvier.