Quand les loups sortent des bois

La metteuse en scène brésilienne Christiane Jatahy débarque à Lille avec “Entre chien et loup” une adaptation scénique du film “Dogville” de Lars Von Trier. Une performance artistique très révélatrice à voir absolument au théâtre du nord début février 2022.

Une critique de la politique du Brésil sur la scène

Entre chien et loup”, une pièce soigneusement orchestrée par Christiane Jatahy, a été montée à la Comédie de Genève pendant les mois de la pandémie, dévoilée au Festival d’Avignon et se jouera à Lille au début du mois de février. La metteuse en scène travaille depuis longtemps sur le statut de l’étranger, l’accueil de l’exilé, et les miroirs qu’ils nous tendent. Frappée par la récente évolution politique de son pays, elle a vu dans Dogville de Lars von Trier l’instrument idéal pour dénoncer les racines du mal dans toute communauté.

La pièce évoque le moment où le jour se transforme en nuit et où, dans l’obscurité, le loup est prêt à bondir sur le troupeau de moutons pour mieux le dévorer. Métaphoriquement, le titre suggère, selon l’artiste, l’horreur inspirée par le retour de l’extrême droite dans son pays. Celui d’une ère de gouvernance du président Jair Bolsonaro, élu le 28 octobre 2018 et entré en fonction le 1er janvier 2019. La face sombre de l’iceberg n’est plus à nos portes, elle règne : la fiction est donc devenue moins pertinente, l’heure n’est plus à la préciosité théâtrale. Dès lors, la réalisatrice brésilienne interroge notre rapport à l’hospitalité, tendant un miroir aux mécanismes dictatoriaux, au statut de l’étranger et à l’accueil de l’exilé.

Un véritable laboratoire humain

Entre chien et loup raconte l’histoire de la jeune Graça qui fuit le Brésil d’aujourd’hui à la recherche d’un lieu plus saint. Un petit groupe de personnes “civilisées” l’accueille à bras ouverts. Il y a des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des célibataires, et des couples. Certains sont gentils, d’autres plus réservés, cela pourrait être une véritable communauté. Mais malheureusement, les enjeux de l’acceptation de l’autre polarisent rapidement les désirs, jalousies et frustrations du groupe, si bien que chaque membre de la communauté devient complice d’une spirale malsaine. La vie de la scène, où se mêlent théâtre et cinéma, se transforme en un implacable laboratoire humain où les déviances identitaires et comportementales émergent et oppressent la jeune réfugiée. Graça a fui la dictature et est tombée dans ses bras sans le vouloir, comme un homme qui marche fermement vers son destin tragique. Cela peut se passer n’importe où dans le monde, mais c’est ici et maintenant que la scène se déroule, dans un lieu qui reste très proche de la réalité.

Un mélange harmonieux entre deux arts

Sur scène, les acteurs filment et sont filmés en live. Le spectateur assiste aux différentes scènes depuis différents points de vue. En mélangeant les deux arts, la metteuse en scène tente de créer un nouveau dialogue et invite le public à vivre une nouvelle expérience grâce à la présence de l’écran et de la caméra sur scène. C’est un spectacle qui décortique les ressorts de la violence sociale en mettant en lumière la naissance de la haine chez l’homme et en nous alertant sur une menace qui envahit le monde d’aujourd’hui : l’intolérance.

Si vous aussi vous souhaitez monter dans le navire, alors ne perdez pas une minute et allez réserver votre place dès maintenant. La pièce aura lieu au Théâtre du Nord, du 2 au 4 février à 20h. Les prix vont de 10 euros pour les moins de 30 ans et 25 euros pour le plein tarif.

Pour réserver vos billets, c’est juste ici : theatredunord.fr que ça se passe !