© Rue Pierre-Mauroy/Bastien Fanton d’ANDON

Une vie à reconstruire

Cela fait environ cinq mois que deux immeubles de la rue Pierre-Mauroy, au centre-ville de Lille, se sont effondrés. Un drame qui a coûté la vie à un médecin psychiatre de 45 ans et qui laisse encore pantois les anciens locataires.

C’est très touché que l’on retrouve quelques mois plus tard Jean-Gabriel Zaccagna, ancien locataire d’un appartement en retrait au premier étage du 44 rue Pierre-Mauroy. Celui que l’on qualifie de « miraculé » était encore chez lui lorsqu’une grande partie de l’immeuble voisin s’est effondrée peu après 9h15 le 12 novembre 2022. Jean-Gabriel s’était endormi la veille sans ses prothèses auditives. Il avait seulement découvert au petit matin que son voisin du dessus avait essayé de le contacter pour le prévenir de l’évacuation du bâtiment. Des blessures physiques évitées mais un vrai traumatisme psychologique.

Aujourd’hui, c’est grâce aux réseaux de ses enfants que Jean-Gabriel Zaccagna tente de reconstruire sa vie dans un nouveau meublé du centre-ville de Lille. Encore très touché psychologiquement, Jean-Gabriel refuse de laisser paraître ses sentiments. « Je suis tellement concentré sur l’énorme quantité de démarches à engager et de procédures à suivre pour reconstituer une identité aussi bien personnelle que socio-professionnelle », se motive-t-il. Son habitat encore debout, Jean-Gabriel n’a toujours pas pu rouvrir sa porte. Il a besoin par exemple de retrouver son téléphone et ses ordinateurs, là où on peut l’imaginer se trouvait des photos de sa sphère familiale.

 J’ai laissé toute mon histoire dans l’appartement

Mais le chemin admiratif est parfois long. C’est avec une lettre adressée à la Procureure de la République de Lille qu’il tente de mettre les premières pierres à sa reconstruction. Dans les premières lignes de son courrier, le septuagénaire interpelle la préfète sur sa situation et n’attend qu’une chose, retrouver ses effets personnels. « Mon évacuation est intervenue dans un second temps et dans l’urgence. Je n’ai eu aucune possibilité d’emmener des biens et éléments essentiels ». Jean-Gabriel Zaccagna souhaite récupérer une liste de pièces non imposantes mais qui lui permettront de retrouver une existence numérique juridique, sociale, administrative ou professionnelle.

« Je comprends parfaitement les enjeux de sécurisation du site susceptibles de compliquer cette situation. Cependant, je suis certain que vous comprendrez le sens de ma requête. J’habitais cet appartement depuis 25 ans et y avais toute mon histoire ».

Un autre combat s’engage

Jean-Gabriel Zaccagna compte beaucoup sur la justice. Il a porté plainte contre X pour comprendre ce qui s’est passé en novembre dernier. Mais il le sait, le chemin sera long. A l’image des effondrements de la rue d’Aubagne à Marseille, en novembre 2018, il faut parfois plusieurs années avant de rendre son verdict sur ce genre de catastrophe.

Il profite aussi de son expérience pour sensibiliser sur sa situation : « Il faut que chacun veille à ce que son gestionnaire ou propriétaire ai bien souscrit une police anti effondrement. N’hésitez pas à stocker vos données personnelles sur plusieurs plateformes ».