Léni, étudiant de 19 ans, et qui travaille également à l’usine pour gagner sa vie, a décidé d’ajouter une corde à son arc. Il se lance dans le stand-up. Circonflex Mag l’a rencontré.
Circonflex Mag : Quelle est ta définition de l’humour ?
Léni : Une phrase toute simple : l’humour, c’est l’art de tisser des liens avec les gens.
Circonflex Mag : Qui sont les personnes qui t’influencent dans la manière que tu as de vivre le stand-up ?
Léni : Mes deux premières inspirations ont été Gad Elmaleh et Jamel Debbouze. Gad Elmaleh représente mes premiers souvenirs de spectacle. Jamel Debbouze, à travers le Jamel Comedy Club et ses spectacles, m’inspire depuis toujours. Je pourrais aussi citer Fary, pour l’écriture et la satire. Roman Frayssinet et la façon qu’il a de faire réfléchir les gens avec un ton bien à lui. Il y a Malik Bentalha et la manière dont il arrive à réunir les gens, sans oublier Mustapha El Atrassi, Fabrice Eboué ou encore Thomas Ngijol. Et puis en termes de scénographie et d’engagement du public, mon modèle, c’est Michael Jackson.
Circonflex Mag : Comment te décrirais-tu sur scène ?
Léni : Sur scène, je dirais que je suis vrai. Je pense que c’est pour cela que les gens m’apprécient.
Circonflex Mag : Comment trouves-tu tes idées de sketchs ou de blagues ?
Léni : Je les trouve essentiellement dans mon environnement. J’ai fait pas mal de métiers, j’ai pas mal bougé, j’ai également grandi dans un mélange de cultures portugaise et française, Sans compter les cultures de ceux qui m’entourent. C’est dans cette pluralité que je puise mes idées. Mon inspiration provient de ce que j’ai vécu. Et je n’hésite pas non plus à me caricaturer sur scène.
Circonflex Mag : As-tu déjà vécu une expérience difficile dans le stand-up ?
Léni : Les blagues qui tombent à plat, c’est le B.A BA du stand-upper. Quelqu’un qui n’a jamais bidé, c’est quelqu’un qui n’est jamais monté sur scène. Le stand-up est un art de précision, et croyez-en mon expérience, ce n’est pas quelque chose de simple. La réception d’une blague se joue à un mot ou à une respiration près. Par exemple, la musicalité est super importante. Ça m’est arrivé plusieurs fois de tester certaines blagues qui n’ont pas marché. Malgré cela, il faut quand même enchaîner parce que les gens payent pour rire et passer un bon moment.
Circonflex Mag : Que ressens-tu lorsque tu entends les rires du public ?
Léni : Un rire, c’est énormément de joie, de fierté. Parce que derrière un rire, il y a du travail. Faire rire les autres en société, c’est très différent de faire rire avec des blagues qu’on a écrites de manière préméditée. C’est une tâche qui est loin d’être facile. Le rire du public, c’est un peu notre monnaie parce qu’un rire, c’est la validation du public. Ça fait du bien à l’égo.
C’est avant tout de l’amour, et perso, l’amour des gens, c’est ce que j’ai toujours cherché.
Circonflex Mag : Quel a été ton moment le plus marquant sur scène ?
Léni : J’ai vécu une très bonne expérience jeudi. Je n’avais pas forcément le moral, énormément d’appréhension car je voulais retenter un texte que le public n’avait pas apprécié la veille. Pourtant, j’étais certain que ce texte était drôle. Ce texte, qui n’avait pas marché la première fois devant 8 personnes, je l’ai tenté devant 190 personnes. Je n’ai jamais eu autant de retours positifs. Il m’a valu ma 3e victoire. (Lorsqu’il se produit au Spotlight Comedy club, Leni participe à des scènes ouvertes, durant lesquelles des stand-upeurs en herbe peuvent présenter leur sketch. Le public vote pour désigner le vainqueur NDLA)
« Je perdure dans l’objectif d’assurer mes passages et de montrer que cette chance on ne me l’a pas donné pour rien, mais c’est encore que le début ! »
Circonflex Mag : Tu as commencé le stand-up assez récemment, pourtant, tu t’es déjà produit dans plusieurs Comedy clubs. Comment as-tu réussi à te créer l’occasion de performer sur plusieurs scènes ?
Léni : J’ai pris conscience que c’était le moment de tenter ma chance. Mais c’était à moi de faire le premier pas. J’ai donc écrit un sketch, je me suis filmé, j’ai demandé à mon petit frère de jouer des rires pré-enregistrer de sitcom, et j’ai envoyé cette vidéo à presque toutes les comédies club de Lille. J’ai décroché ma première scène à L’Autrement Dit. C’est Yacine Kaci, qui gère l’Espace Comédie à Lille, qui m’a proposé de jouer là-bas. Depuis, cette scène est clairement devenue « ma salle de boxe ». Il y a également eu le Spotlight, je m’y suis produit plusieurs fois. Dans ce métier, il faut démarcher. C’est ce qui me permet d’arriver là où je suis aujourd’hui, en seulement 4 mois et demi de stand up. Je veux montrer que cette chance, on ne me l’a pas donnée pour rien ! Et ce n’est que le début !
Circonflex Mag : Tu as de grandes ambitions ? Est-ce que tu aimerais en faire ton métier ?
Léni : Plus le temps passe, plus je me dis que c’est ce que je veux faire. Pour l’instant, ça reste une passion parallèle : je continue mes études et je travaille à côté. Mais si l’occasion se présente, j’aimerais bien en vivre, pouvoir me produire dans des salles à Paris et avoir mon propre spectacle.
Circonflex Mag : Dans tes sketchs, tu mentionnes assez souvent la ville de Roubaix. Qu’est-ce qu’elle représente pour toi ?
Léni : En général, lorsqu’on fait de l’humour, la première inspiration reste l’endroit où l’on vit. Je suis né à Roubaix, j’y ai grandi et ma famille a immigré ici. C’est une ville qui représente beaucoup pour moi, Roubaix c’est le monde dans une petite ville, il y a de la bourgeoisie comme il y a des coins beaucoup plus populaires. C’est un melting-pot de culture et une grosse source d’inspiration. Sur scène, j’imite pas mal de personnages : cette ville m’a énormément inspiré et contribue énormément à l’élaboration de mes sketchs.