Faiblesse ou atout ? L’hypersensibilité, qui concerne 20% d’entre nous, était le sujet de la conférence organisée par Véronique Leprêtre et Charles Crouzat jeudi 25 octobre. Circonflex Mag vous fait une petite récap’.
La salle est petite. L’ambiance intime. Pas plus de 30 auditeurs, qui sont venus écouter Véronique Leprêtre et Charles Crouzat parler de l’hypersensibilité. Les deux conférenciers commencent leur exposé par un jeu de rôles. À Véronique le personnage de l’hypersensible. En face, Charles Crouzat endosse le rôle de l’intolérant qui ne supporte pas l’attitude de la jeune femme. Ensemble, ils soulignent la souffrance qu’endure un jeune hypersensible. Une première approche assez ludique qui vise à nous montrer la réaction générale de la société face à l’hypersensibilité. Une phrase marquante de Charles Crouzat illustre ce fait : « Endurcit-toi mon fils. » La vie est dure, il va falloir s’y préparer. L’hypersensible est en position de faiblesse face à la vie, du moins, c’est ce que l’on croit.
En faire quelque chose de constructif.
Il est temps de la percevoir l’hypersensibilté comme une force. Et c’est justement ce pari qu’ont réussi Véronique et Charles : faire un atout de leur hypersensibilité respective. Mieux encore, ils en ont fait leur métier. Une manière de s’aider soi-même et d’aider aussi les autres. Ils ont choisi de ne plus subir, leurs émotions, mais d’en faire quelque chose de constructif, de partager leur expérience.
Nous sommes sensibles avant même notre naissance.
Pour parler d’hypersensibilité, il est nécessaire d’évoquer la sensibilité. Nous sommes tous sensibles, c’est ce qui définit notre humanité. Nous le sommes dans le ventre de notre mère. Puis arrive la naissance, et ce sont tous les sens qui nous rendent attentifs au monde environnant. Lorsque l’on grandit, nous appréhendons le monde avec conscience et cela développe chez nous une forme de sensibilité plus ou moins accrue. Chez l’hypersensible, tout est exacerbé, le beau, la douleur, la compassion … Ses sens sont décuplés, sa manière de traiter l’information est plus détaillée. Par exemple, la faim peut le rendre hargneux. La sensation devient irritante, entêtante et peut le pousser à des extrêmes. Pour illustrer cet exemple, Véronique Leprêtre fait entendre une bande sonore à son auditoire. Une première fois avec un volume normal. Une deuxième fois alors, en poussant le son au maximum. Cette deuxième écoute, c’est ce qu’entend un hypersensible au quotidien…
Une tare.
L’hypersensibilité touche 20% de notre société, et ce ne sont là que les hypersensibles déclarés. Ces surexposés de l’émotion perçoivent leur particularité comme une tare. Elle les met en position de faiblesse, pensent-ils. Pourtant, expliquent les deux conférenciers, l’hypersensibilité est un atout majeur. Elle permet à celui qui en est touché de comprendre ses propres émotions autant que de le mettre en contact avec autrui…
Mais Véronique Leprêtre et Charles Crouzat nous mettent en garde : il ne faut pas aller vers les extrêmes. La compassion oui. Se tourner vers l’autre, oui. Mais il faut savoir garder ses distances pour se préserver, d’où la nécessité de s’accorder des pauses. Une balade solitaire en forêt, une séance de méditation ou de yoga. Rester chez soi loin des bruits envahissants de la ville. Des moments de calme, indispensables, qui permettent de se recentrer sur soi-même.