Troupe présente sur la piste

Cirque Arlette Gruss : un spectacle en mode Excentrik

Jusqu’au 20 mars, le cirque Arlette Gruss a planté son nouveau chapiteau sur le Champ de Mars. Entre jongles, poneys miniatures ou encore vélo acrobatique… Deux heures de spectacle haut en couleurs, mélangeant frissons et émotions.

Le cirque, c’est avant tout une histoire de famille. Et parmi les grands noms du milieu, celui de Gruss résonne particulièrement. C’est en 1985 qu’Arlette Gruss (la cousine d’Alexis, également à la tête d’une troupe réputée) lance sa compagnie et commence à sillonner l’Hexagone en inventant chaque année un nouveau spectacle. Jusqu’au 20 mars, le Champs de Mars accueille le  chapiteau flambant neuf. Les Lillois s’y précipitent.  

Arlette Gruss a disparu en 2006, c’est dorénavant son fils Gilbert qui tient les rênes de cette énorme machine. Pour perpétuer la tradition, des artistes de 10 nationalités différentes côtoient les sept membres de la famille sur la piste. Gilbert et sa femme Linda sont accompagnés de leur quatre enfants : Kevin, Laura-Maria -avec Linda, elles règnent sur les numéros équestres-, Alexis et Eros sur leur vélos acrobatiques ainsi que la fille de Kevin, Valentina. Laura-Maria le raconte volontiers, « ce que je préfère, c’est la présence du public. C’est pour eux que nous allons sur la piste ». Comme un écho aux paroles de M. Loyal, le présentateur qui ouvre le spectacle : « L’histoire du cirque Arlette Gruss s’écrit pour vous et avec vous. »

200 projecteurs

Cette année, la troupe se remet en scène pour 300 représentations. Son spectacle Excentrik déjà lancé en 2020, avait été suspendu en raison du Covid. Excentrik, synonyme d’exaltant, d’exceptionnel et d’extraordinaire. Ce n’est pas un hasard.

Il faut assister à une représentation des Gruss pour saisir toute l’incroyable magie du spectacle. Les lumières s’éteignent. Le brouhaha cesse. L’orchestre, placé juste au-dessus de l’entrée des artistes, prend le relais. Ici, pas de bande-son préenregistrée ! Mais une dizaine de musiciens qui rythment les performances des artistes, en parfaite harmonie avec les 200 projecteurs installés sous chapiteau. Le spectacle peut commencer.

“Un cirque sans clown, c’est pas un cirque”

Les numéros s’enchaînent. On débute par le pole dance, où sept artistes défient l’apesanteur, à l’horizontale sur une barre verticale. Il y a ce duo où chacun multiplie les acrobaties dans une roue allemande. Et ce magnifique  numéro de dressage où l’écuyère fait cabrer des chevaux orgueilleux… Seuls deux chameaux et deux dromadaires complètent la liste des animaux du cirque. Est-ce la conséquence de la loi visant à interdire les animaux sauvages dans les spectacles ? Interrogée, la direction a préféré ne pas faire de commentaire sur le sujet. 

Entre deux numéros, et afin de permettre l’installation du matériel, le clown André s‘empare de la piste. Avec son air naïf, il enchaine les tours. Ses petits sketches absurdes et cocasses rythment le spectacle : André fait du vélo ; André est dans sa  baignoire; André chante à l’aide de ses doigts… Les enfants adorent, les plus grands se lâchent eux aussi. « Un cirque sans clown, ce n’est pas un cirque », confirme une spectatrice ravie. Les costumes participent eux aussi à la magie du spectacle. Chatoyants, colorés, riches de centaine de détails, ils ont été réalisés par Roberto Rossello, le célèbre costumier, élégant personnage de l’ombre qui habille depuis 15 ans toute la troupe, de Monsieur Loyal aux trapézistes.

Un saut de 7 mètres

À la fin du spectacle, personne n’a vu les deux heures passer. Des étoiles plein les yeux, les enfants ont eu un coup de cœur pour les numéros avec les chevaux, ou celui du diabolo, là où l’artiste effectue en musique des figures impressionnantes, donnant l’impression qu’il va toucher le haut du chapiteau. Les adultes ont vibré avec les numéros plus dangereux. Un père de famille raconte avoir « adoré l’homme qui faisait des saltos », ce  numéro de barre russe dans lequel le voltigeur réalise un saut de 7 mètres. Il n’y a alors plus un bruit sous la toile. Tous les yeux sont rivés sur l’acrobate qui s’apprête à réaliser un triple saut périlleux. Évidemment, pour ces numéros à grand risque, aucun filet ! « Tout est en live, c’est aussi ça, le cirque : un spectacle vivant ! » souligne fièrement Laura-Maria. 

Une histoire de famille

La foule se dirige vers la sortie, certains s’arrêtent devant les inévitables stands de hot-dogs. Des enfants réclament des souvenirs, une peluche, un bâton lumineux… Un peu plus loin, vêtu d’un magnifique costume rouge aux ornements dorés, un homme dit au revoir aux spectateurs. « Je ne participe pas directement au show, mais je fais beaucoup d’autres choses, explique-t-il. Je suis à l’accueil, mais je fais également partie de l’équipe des électriciens… » Il exerce un de ces métiers de l’ombre du cirque, sans lesquels rien ne serait possible : sur les 140 personnes qui composent la troupe, il n’y a que 30 artistes. « J’aime ce que je fais et je le fais du mieux que je peux. L’amour du cirque, c’est notre raison de vivre », affirme-t-il avec un sourire entendu. Le cirque, c’est bien une histoire de famille, avec ou sans les liens de sang.