C’est un fait connu : à Lille, question bars, on a le choix. Mais certains sortent du lot. Circonflex Mag vous parle du Comptoir de Cana, un bar associatif à petit prix où vous pouvez payer repas et cafés aux plus démunis.
Il est à peine 20 heures lorsque nous passons le seuil du Comptoir de Cana. Situé Rue des Bouchers, ce bar associatif se fait discret. Pourtant ils sont nombreux à s’arrêter, interpellés par le nom sur l’enseigne (car, non Cana n’est pas une destination espagnole…). Et les plus curieux qui poussent la porte vont devenir les plus chanceux. Ce qui les attend derrière, c’est un lieu intimiste, coloré et surtout chaleureux. Plusieurs bénévoles s’activent pour faire le service, la cuisine ou encore la conversation. Dans notre cas, c’est Louis, derrière le bar, qui nous reçoit. Seul employé parmi une trentaine de bénévoles, il semble être le mieux placé pour nous raconter la genèse du Comptoir : « Au départ, c’est une idée du vicaire Raphael Bryse : monter un bar associatif pour rapprocher les gens. Avec un groupe de jeunes, il crée d’abord Les amis du Comptoir de Cana. Restait à trouver un lieu, et récolter des dons. Opération plutôt réussie puisqu’en mars, on va fêter nos 4 ans. »
Créer du lien social
L’’initiative vient donc de ce qui est communément appelé la charité chrétienne. Mais ne tirons pas de conclusion trop hâtive : si le Comptoir revendique son esprit catholique, aucune soutane ne vous attendra à l’entrée (mais plutôt un large choix de bières !) comme nous l’assure Louis : « C’est avant tout un bar solidaire. On se moque de savoir d’où viennent les gens, quelles sont leurs croyances. On ne fait pas d’évangélisme non plus, l’important pour nous, c’est de créer du lien social. On veut lutter contre l’exclusion. Chaque mois, on organise un repas solidaire pour les sans-domiciles fixes. Les points de fidélité accumulés sur la carte de nos clients offrent un repas. Nous faisons également des cafés suspendus, et ce sont nos habitués qui payent un café à quelqu’un dans le besoin. Pour l’instant, nous en sommes à plus de mille. »
C’est un cocon
Vous l’aurez compris, l’essence du Comptoir de Cana, c’est avant tout l’entraide. Ici, les gens se rencontrent, se retrouvent et s’apprivoisent. Chacun y vient avec ses bagages, un peu lourds parfois mais ce n’est pas grave. Les histoires s’entremêlent sans difficulté dans le brouhaha. Louis, lui, est « arrivé là un peu par hasard », et semble ne plus vouloir partir : « Ici, c’est un cocon, on se sent chez soi. Personne n’est jamais seul. C’est un bar d’habitués, certains sont là depuis notre soirée d’ouverture, ils ne sont plus jamais repartis. »,explique le barman avec un large sourire.
Alors, ça vous tente ? Avec sa carte au large choix, ses petits prix (10 euros pour le repas, 5 euros pour la planche) et des tarifs qui s’adaptent à toutes les bourses, le Comptoir ne peut que faire des fidèles. En allant chez eux, vous tendez la main vers les autres. Parce qu’après tout, qui a dit qu’on ne pouvait pas allier bière et solidarité ?