Il a réalisé son premier magazine cet été, Mer Grise ; aujourd’hui il produit son second. Ce passionné ambitieux, c’est Arto Victorri, un jeune Dunkerquois en BTS photographie à Roubaix et skateur à ses heures perdues. Impossible de se décider, il a donc choisi de combiner les deux.
Rendez-vous place du théâtre Sébastopol, le repère des skateurs lillois. Il est 19h30, on l’aperçoit de loin : planche sous le bras, pantalon large, bonnet Docker et surtout, bouteille de Goudale à la main. L’apéro des bons vivants. « Vous pouvez nous prendre en photo ? Parce qu’on ne sort pas souvent ensemble ! ». C’est un groupe d’amis, ils lui font cette demande. Une intuition, peut-être ? Bonne pioche.
« La priorité, c’est devenu les images »
Arto s’est pris de passion pour le skate et la photo sans vraiment le faire exprès. C’est son meilleur ami qui lui a tendu la planche en 6ème, « Pendant deux ans, j’ai fait du skate, mais comme tout gamin qui essaie. J’ai commencé au skatepark parce qu’au début, je n’avais pas le droit d’aller au casino, ma mère ne voulait pas… » explique-t-il en rigolant. Plus tard, c’est son père qui lui a légué son matériel photo. Le décor de sa vie est campé.
Au fil des années, il a vu son goût pour les images prendre le dessus sur son envie d’améliorer ses tricks. Concrètement, il emmenait la caméra et s’il n’y avait rien d’intéressant à capturer, alors il skatait. « Les images, c’est devenu ma priorité. Mais ça me fait plaisir finalement, parce que j’aime vraiment ça ! Quand je rentre chez moi, je suis tellement content de découvrir le rendu. »
Les images ont une grande importance dans le monde du skate, il explique : « la photo est très présente dans la dynamique de ce sport. Et puis, c’est comme ça que son économie fonctionne : pour faire sa pub, une marque sort une vidéo. ». Chaque groupe de skateurs a donc besoin de cadreurs, pour filmer ses progrès, et les partager sur les réseaux sociaux. Arto a commencé à travailler pour des amis qui avaient des contrats avec des marques comme Converse, pour filmer des parts. Ce sont des vidéos de 3 minutes concentrées sur un seul skateur à la fois, dans lesquelles on retrouve le meilleur de leurs performances street et seulement de l’exclusif, rien de déjà posté ailleurs. « Ça enlève vachement de possibilités. Le but, c’est d’avoir le meilleur en 3 minutes. On peut mettre un an pour tourner ce genre de vidéo ! »
« Je sais qu’il y a 400 essais, et faut pas rater le 400ème parce que c’est le bon. »
Aujourd’hui, il touche à tout : réalisation de clips, parts, partenariats avec des jeunes marques de vêtements de skate et avec le skatepark de Dunkerque pour du contenu vidéo. Il s’entraine à la photo studio à l’école mais reste attaché à la photo de skate. « C’est ça que j’aime le plus. Je suis avec mes potes, je sais qu’il y a 400 essais, et faut pas rater le 400ème parce que c’est le bon. »
« Ces magazines sont fidèles à ce que je vis, au final »
Cette passion pour la photo de skate, il l’a partagée une première fois avec son magazine Mer Grise, qui doit son nom aux aspects urbains et maritimes de la ville de Dunkerque, représentés ici à travers le skateboard. Ce premier projet met en avant la cité de Jean Bart et ses skateurs, les photos ont pour la majorité d’entre elles été prises pendant le confinement. « C’était une période où je tournais en rond, j’avais rien à faire, on était bloqués à Dunkerque avec le covid. ». Cela a permis une unité photographique, dans les couleurs notamment, moins marquée dans son deuxième magazine qui sortira avant la fin de l’année 2021. « Cet été, j’ai pu shooter dans plein de nouveaux endroits, avec des personnes avec lesquelles je n’avais jamais travaillé. Ces magazines sont fidèles à ce que je vis, au final. »
Son magazine renferme photos, interviews, mais aussi une ode au skate, qui transmet sa passion et les valeurs fortes de ce sport.
Son inspiration, Arto la puise un peu partout. Sur internet, particulièrement : « Depuis que j’ai commencé la vidéo, je regarde environ une heure et demie de skate par jour. Ça m’inspire dans ma manière de filmer. Il existe tellement d’ambiances et de styles différents dans le skate, je suis obligé de m’en inspirer. »
En revanche dans le domaine du skateboard, on ne compte pas énormément de photographes professionnels. Sera-t-il l’un des premiers à concilier ces deux formes d’arts pour en faire son métier ?
Pour de l’exclu retrouvez-le sur son Instagram.