Alexandre Bloch, l’humble génie musical

Le Nouveau Siècle, ses fauteuils rouges, son auditorium, ses musiciens de l’Orchestre National de Lille …et son chef d’orchestre. C’est là, dans ce cadre grandiose, à l’issue de Même pas peur, concert scénarisé pour les enfants, que nous avons rencontré Alexandre Bloch, pour qui la musique a été une évidence.

Un piano, un canapé gris, quelques touches de verdure, un bureau en bois et de la clarinette en fond sonore : c’est dans sa loge que le chef d’orchestre nous reçoit, épuisé par sa représentation, mais avec toute la gentillesse, l’humilité et le dynamisme qui le caractérisent. En 2016, – à seulement 32 ans – Alexandre Bloch succède au monument de la direction musicale, Jean-Claude Casadesus qui vient de passer 40 ans à l’Orchestre National de Lille. C’est avec conviction et enthousiasme que le chef d’orchestre nous accorde un moment fabuleux de rétrospective.

« OUI, je peux dire que la musique a été une vocation »

Pour Alexandre Bloch, issu d’une famille de musiciens, la musique est une passion, et plus que cela : une évidence, une vocation. « Je n’ai pas réellement pris la décision d’intégrer le monde musical, c’est venu tout seul. Alors oui, je peux dire que la musique a été une vocation. » Lorsqu’il a succédé à Jean-Claude Casadesus, il raconte être passé par plusieurs émotions : l’honneur d’avoir été choisi, le challenge et l’angoisse de perpétuer ce que son illustre prédécesseur avait édifié, et le bonheur de récupérer un orchestre en aussi bon état.

Avant de prendre sa place de directeur musical à Lille, Alexandre Bloch a voyagé dans plusieurs orchestres. A l’issue du concours Donatella Flick en 2012, il devient assistant chef d’orchestre au London Symphony. Il remplace en octobre 2012, au pied levé, le directeur musical Mariss Jansons pour trois concerts au Royal Concertgebouw Orchestra d’Amsterdam, qui ont fait sa renommée tant en France qu’à l’international. Il compte également à son actif la direction d’autres grands orchestres tels que le Royal Liverpool Philharmonic ou l’Oslo Philharmonic.

« Le parcours professionnel d’un chef d’orchestre est très atypique, il n’y a pas de chemin qui se ressemble »

Mais comment devient-on un chef d’orchestre mondialement reconnu ?  « Je dirais que le parcours professionnel d’un chef d’orchestre est très atypique, il n’y a pas de chemin qui se ressemble. » Sa route à lui débute avec le violoncelle, dans des formations à Tours.  Là, il tombe rapidement amoureux de l’orchestre. Il étudie l’harmonie, qu’il qualifie « de discipline passionnante visant à faire des exercices de style, à composer à la manière de tel ou tel compositeur le plus fidèlement possible ». Cela lui permet de s’intéresser à l’analyse puis à la direction d’orchestre, qui représente pour lui un partage de conceptions musicales, un échange entre les musiciens et le chef mais également entre le public et l’orchestre.

« J’aime l’imprévu, tout peut se casser la gueule au moindre faux pas, et ça, ça me plaît. »

Alexandre Bloch aime passionnément son métier, et ça se voit. A la façon dont il s’exprime.  Le désir de transmettre son savoir et son amour pour la musique transparait tout au long de notre entretien. Il raconte avoir été inspiré par les grands chefs qu’il a côtoyés durant de sa carrière.  Bernard Haitink – connu notamment pour ses interprétations de Malher, Brahms ou encore Beethoven – lui a beaucoup appris. Surtout, il a su lui faire confiance dans certains moments de sa carrière, notamment lors des masters class où il était son assistant.  C’est avec des étoiles dans les yeux qu’il évoque sa collaboration avec le défunt chef d’orchestre qui lui a tant appris : « Il est l’un de ceux qui m’a le plus marqué, il a cru en moi et m’a orienté dans la bonne direction, je lui en suis reconnaissant. »

Ce qu’il préfère dans son métier ? « J’adore l’énergie qu’il y a sur la scène, l’alchimie avec les musiciens. J’aime aussi l’imprévu : tout peut se casser la gueule au moindre faux pas, et ça, ça me plaît. » Cette envie de mettre plus encore en valeur les différents instruments l’a poussé à continuer dans cette voie et à se surpasser au fil des années.

Il en est certain, devenir musicien, compositeur ou chef d’orchestre passe d’abord par le désir de découvrir et de rêver. Parce qu’en fin de compte, c’est ça, la musique, c’est vibrer, voyager aux sons des altos, des cors, des flûtes ou des violoncelles.