A bras-le-coeur

Jean-Victor Traoré, le numéro 5 du Lille Métropole Basket, revient sur le devant de la scène après une lourde opération du coeur. Très attaché à ses racines, le joueur de pro B raconte à Circonflex Mag « sa vie d’après ».

Installé sur les gradins du Palais St Sauveur à quelques minutes d’une nouvelle séance d’entrainement, du haut de ses 2m03, Jean Victor Traoré est serein. Comme à son habitude. Cette sérénité, le basketteur la garde même au moment de raconter comment une probable infection au Covid 19, en janvier 2020, l’a brusquement envoyé à l’hôpital pour se faire opérer du cœur. Quand on lui demande s’il a craint de devoir mettre un terme à sa carrière, il répond qu’il a d’abord eu peur de perdre la vie. Peur d’abandonner sa famille et sa fille qui venait de naître. Peur de « faire un AVC à tout moment », comme le lui avait expliqué son médecin. Cet évènement, le capitaine lillois le décrit comme « soudain, pris en pleine face », et qui aurait pu lui être fatal si sa montre connectée ne s’était pas mise à sonner en cette journée de mai 2020. Il se souvient de l’inquiétude qui l’a envahi, à quelques jours d’une opération qui devait lui permettre de mettre fin à un lourd traitement médicamenteux, mais qui pouvait aussi le contraindre à arrêter sa carrière.

Un des meilleurs joueurs du championnat pro-B

Pour autant, Jean-Victor Traoré n’a pas reculé. Il admet qu’il n’avait pas non plus le choix. L’intervention s’est déroulée avec succès, et hormis « une petite alerte post-opératoire », le sportif a pu commencer un processus de retour au haut niveau, qui s’annonçait long, mais qui l’a rendu plus fort.

Aujourd’hui, à 36 ans, Jean-Victor Traoré en veut encore. Moins d’un an et demi après cette importante opération du cœur, il entame sa sixième saison au Lille Métropole Basket, et s’affirme comme un des meilleurs joueurs du championnat pro-B. Désormais pleinement remis, le basketteur a pris du recul. Il sait qu’il n’est pas un cas isolé. « De nombreux sportifs rencontrent des problèmes cardiaques après un Covid. Malheureusement, ils ne sont pas diagnostiqués suffisamment tôt. Moi, c’est ce diagnostic qui m’a sauvé la vie ». Ce qui lui importe maintenant, c’est de vulgariser cet épisode de sa vie pour, peut-être, en sauver d’autres.

Transmission

Car Jean-Victor Traoré a un grand cœur. Et ce n’est pas nouveau. Le Franco-Burkinabé n’oublie pas d’où il vient. S’il est arrivé en France à 16 ans pour suivre des études d’informatique, le très apprécié Traoré est viscéralement attaché au Burkina Faso, pays dans lequel il a grandi et où vivent ses parents. Que ce soit par l’intermédiaire de son association Cartables d’Afrique qui scolarise chaque année plus de 600 enfants. Mais aussi par le biais de la toute récente marque Panga qui a vu le jour fin octobre, et qui a pour but de « créer de l’emploi et apporter de l’énergie » au cinquième pays le plus pauvre d’Afrique.

Alors, s’’il y a bien un mot qui décrit celui que l’on surnomme amicalement Jean-Vic, c’est celui de transmission. C’est une valeur qui lui est fondamentale, il la pratique autant dans la vie de tous les jours que sur les parquets des terrains de basket. « En Afrique, les anciens transmettent aux jeunes. Aussi bien positivement que négativement, ajoute-t-il avec un léger sourire. Moi, je veux transmettre ce que je peux à ceux qui veulent »