LOSC-OM : Dans les secrets du parcage marseillais

Ce vendredi 5 décembre, la Décathlon Arena – Pierre-Mauroy accueille un LOSC–OM sous tension, match de la 15ᵉ journée de Ligue 1 McDonald’s. À l’extérieur, le parcage marseillais s’est rempli comme toujours : près d’un millier de supporters venus du Sud et d’ailleurs. Entre chants, pluie lilloise et communion olympienne, Circonflex y était.

À 19 heures, sur le parking à proximité de Météo France, qui ne demande qu’à vibrer, les tambours sont déjà sortis. Les premiers chants fusent, les drapeaux se déroulent, et Marseille s’invite dans le froid lillois. Ahmed, des South Winners, m’explique qu’on est « à peu près mille ». Des bus entiers depuis la cité phocéenne, des voitures arrivées parfois de très loin, et puis Adrien, habitant du Nord, sourire large : « C’est l’occasion parfaite, l’OM si près de chez moi, je ne rate pas ça. »

« Ici, y’a pas d’influenceurs, de riches, de pauvres. Y’a l’OM. Point. »

On se met en marche, en bloc, en rythme. Les chants pour « l’armée des Marseillais » s’élèvent dans un cortège surveillé de près. Le match est classé à risque, et ça se sent : dès notre arrivée aux abords du stade, les forces de l’ordre forment un cordon de sécurité. Un stadier lillois, un peu dépassé, confie : « C’est toujours beau, les gros matchs, mais la priorité, ça reste la sécurité. »

Premier contrôle. Puis un long moment dans les entrailles du stade : presque une heure, confinés dans le sous-sol, entourés de gendarmes casqués. Ça chante, ça se chauffe, ça chambre. Les chants anti-Lillois résonnent. On n’a pas encore vu la pelouse mais l’ambiance, elle, est déjà brûlante.

Vers 20h30, enfin, la libération : la montée vers la tribune. On installe tambours, mégaphones, drapeaux. Dans la foule compacte, je croise Maël, influenceur marseillais venu exprès : « Ici, y’a pas d’influenceurs, de riches, de pauvres. Y’a l’OM. Point. »

Quand les joueurs entrent, certains dégainent déjà le téléphone. Mauvaise idée : les capos rappellent la règle sacrée. Pas de vidéos, pas d’écrans. Ici, on vit. Ici, on chante.

« Comme un seul peuple »

Le coup d’envoi est sifflé. Poings levés, on entonne le Marseillais, Marseillais… . Et puis, la 10ᵉ minute : Ethan Mbappé marque pour Lille. Deux secondes de silence. Deux. Le capo reprend : « On ne s’arrête pas. On est venus pour chanter, non ? » Alors on y retourne.

En seconde période, un supporter qui tient un grand drapeau se colle à moi et me propose d’essayer. À côté, un stadier chargé de notre sécurité chante avec nous, sourire discret mais sincère. On se met bras-dessus bras-dessous, comme un seul peuple. Mais rien n’y fait : l’OM s’incline 1–0. Youssef hausse les épaules : « Dommage. Mais on ne lâche pas. Jamais. »

La fin du match n’est pas vraiment la fin. Trente minutes d’attente en tribune, puis retour au sous-sol. Certains repartent directement en bus vers Marseille. Thomas, venu en voiture avec sa femme et son fils, me glisse en rigolant : « On a mal joué, mais ce n’est pas grave… on habite à côté, non ? » L’ironie réchauffe un peu les esprits déçus.

Dehors, sous la pluie, à côté du périmètre sécurisé, on aperçoit des Lillois, on se chambre. Insultes « courtoises », gestes de la main, rien de bien méchant. Puis, vers minuit, la dispersion. Les Marseillais reprennent la route du Sud. Moi, je rentre à Lille, Marseillais exilé qui retrouve son appartement et laisse derrière lui le vacarme d’un soir. Un soir où, malgré la défaite, on a vibré. Ensemble. Comme toujours.

Paul Blancon