À l’occasion des 40 ans du LaM -Lille Métropole Musée d’Art moderne, d’art contemporain et d’art brut–, nous avons rencontré Justin Minet, chargé des relations presse et des relations publiques du musée.
En quoi le LaM est-il un acteur incontournable ?
Le musée se positionne en tant que lieu de référence : à la fois centre de recherche et musée largement reconnu par les habitants de la métropole lilloise. Depuis son inauguration en 1983, le LaM a développé une riche histoire d’actions sur le territoire. L’engagement du musée pour un accès ouvert à tous les publics se manifeste à travers de nombreuses initiatives, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses murs.
Quels éléments le démarquent et le rendent unique par rapport aux autres musées ?
Il est précurseur dans ses collections. Le centre culturel réunit de manière novatrice trois collections majeures : l’art brut, l’art contemporain et l’art moderne, une combinaison unique en France. Cette particularité lui donne une reconnaissance nationale et internationale, notamment grâce à des expositions et des événements de grande envergure, qui mettent en lumière des artistes contemporains. Le site joue un rôle essentiel dans la vie culturelle de la métropole lilloise. Il allie un engagement envers la diversité des publics à une approche innovante dans la présentation de ses collections.
Un don de plus de 3000 oeuvres
Le LaM a-t-il connu des changements ou des évolutions significatives au fil des dernières années ?
C’est un musée en constante évolution. Il était initialement connu sous le nom de MAM (Musée d’Art Moderne). Il a débuté en relayant les collections privées d’art moderne de Roger Dutilleul et Jean Masurel, qui ont généreusement ouvert leurs patrimoines à la collectivité urbaine de Lille en 1979. Cet acte a été à l’origine de la création du MAM, qui abrite depuis une collection emblématique d’art du XXe siècle. En 1999, l’association l’Aracine fait don de plus de 3000 œuvres d’art brut au Mam qui adopte alors le nom de LaM. Pour faire place à ces nouvelles œuvres, le musée s’agrandit. Le nouveau bâtiment, conçu par Roland Simonne, présente un design caractéristique du nord, avec des briques rouges. En 2006, on y ajoute une extension supplémentaire, réalisée par Manuel Gontrand. Cette nouvelle partie en béton, avec des fenêtres de style moucharabieh, s’harmonise parfaitement avec le reste du musée. En 2010, le centre culturel peut rouvrir ses portes avec le lancement d’une nouvelle identité et l’introduction de trois nouvelles collections.
Pouvez-vous nous parler d’une exposition marquante du LaM ?
Je pense tout de suite à L’Œil Intérieur d’Amedeo Modigliani, organisée en 2016. L’expo a attiré 200 000 visiteurs en trois mois. En 2020, le LaM a eu l’honneur de recevoir William Kentridge, avec des œuvres inédites jamais exposées en Europe. Encore une nouvelle page de l’histoire du musée …
Quelles expositions sont programmées pour célébrer les 40 ans du centre culturel ?
On a élaboré un programme avec deux expositions dédiées à trois artistes différents. Pour commencer en beauté, au printemps dernier, le musée a inauguré sa première exposition consacrée à Isamu Noguchi. En parallèle, on a célébré l’anniversaire du musée les 13 et 14 mai : à cette occasion, les visiteurs ont pu profiter des œuvres exposées à l’extérieur du musée. Et pour bien continuer sur notre lancée, on propose en ce moment une exposition sur la photographie avec deux artistes majeurs : Anselm Kiefer et La photographie au commencement jusqu’au 3 mars. Et Mohammed Bourouissa jusqu’au 21 janvier.
On souhaite remettre en scène les artistes oubliés.
Quelle est la raison derrière le choix de ces artistes et quel est leur lien spécifique avec le site ?
Nous suivons une ligne directrice claire : mettre en avant des artistes qui témoignent de leur époque, bousculent les normes établies et contribuent à une histoire de l’art plus inclusive, moins cloisonnée. Dans le cas d’Isamu Noguchi, nous voulions mettre en valeur un artiste largement méconnu en France. Avant cela, il n’avait été exposé que deux fois dans le pays. Mohammed Bourouissa représente un cas particulier : c’est un artiste contemporain du territoire, ancien étudiant des Arts Décoratifs et du Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains de Tourcoing. L’exposition met en lumière un aspect moins connu de son travail : la pratique du dessin. On souhaite nuancer le récit héroïque de l’histoire de l’art et remettre en scène les artistes oubliés.
Quels projets en vue pour l’année 2024, quels thèmes pouvons-nous attendre pour les prochaines expositions ?
En 2024, on a prévu deux expositions pour le printemps. L’une sur l’art brut avec Guy Brunet, qui a un lien très fort avec l’histoire du cinéma. C’est une exposition plus familiale, autour de l’univers très coloré de l’artiste, qui peut vraiment plaire aux enfants, en cohérence avec notre politique d’ouverture à tous les publics.. Par ailleurs, une autre grande exposition est prévue autour de l’artiste Marisa Merz, membre du mouvement Arte Povera italien. Nous voulons mettre en lumière le travail d’une artiste femme, qui a bénéficié de peu de rétrospectives en France. Un autre projet, prévu pour 2024, nous tient à cœur :la projection d’un film réalisé en partenariat avec le LaM. Il s’agit d’une œuvre de Wael Shawky, artiste égyptien, nommé pour représenter son pays à la Biennale de Venise l’année prochaine. Le film a été tourné à Pompéi, berceau de la culture antique. Il établit des liens entre les mythologies grecques et égyptienne. Nous nous adressons cette fois ci à un public plus mature. Il en faut pour tous les gouts. Nous souhaitons que notre musée devienne le musée de tous.