Cours à distance, professeurs non remplacés et capacité d’accueil des élèves limitée : les étudiants de l’ENSAPL reconduisent leur mobilisation pour une deuxième semaine consécutive.
« Ce sont nos professeurs et l’administration qui nous ont convoqués pour que l’on prenne conscience de la situation », explique Perrine Gars, étudiante en première année à l’ENSAPL de Lille (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysagisme) et membre du collectif ENSAPL En Lutte. Lundi dernier, l’école a rejoint le mouvement national ENSA En Lutte pour protester contre la précarité étudiante. Suite aux réponses des ministères concernés, l’école reconduit ses manifestations pour une deuxième semaine : « On proteste, car nous n’avons pas assez de moyens financiers et humains. On veut que les ministères réagissent positivement à nos actions pour réinventer nos écoles », poursuit Perrine.
« Une de nos professeurs a dû arrêter de nous faire cours »
Etudiants et professeurs, tous dénoncent des conditions de travail déplorables. L’école accueille de plus en plus d’élèves, mais sans budget prévu à cet effet. Le résultat ? Manque de salles et manque d’encadrement : « Une de nos professeurs a dû arrêter de nous faire cours car ses déplacements n’étaient pas remboursés par l’école. Elle n’a jamais été remplacée et nos crédits ECTS ont été répartis sur d’autres matières », explique Anne-Cécile Charamat, étudiante en troisième année à l’ENSAPL. Anne-Cécile raconte ne pas avoir eu cours d’anglais durant tout le premier semestre de cette année.
« Je suis obligée de remplacer le bois par du carton »
Un des problèmes majeurs rencontré par les étudiants, c’est le financement de leurs maquettes, qui constituent leur principal outil de travail. Anne-Cécile confirme devoir remplacer certains matériaux par dépit : « Une maquette, cela coûte environ cinquante euros et on en a une dizaine à faire par an. Parfois, je suis obligée de remplacer le bois par du carton pour faire mes poutres. » De manière générale, les étudiants se sentent freinés dans leur travail à cause du facteur financier.
Le collectif local ENSAPL en Lutte s’est créé rapidement pour organiser la mobilisation. Lundi dernier, les étudiants ont notamment participé au die in national inter ENSA : « On était 200 personnes allongées sur la Grand Place. A la manifestation de mercredi dernier, nous étions environ 300 à marcher. » Dans la nuit de mercredi à jeudi, les élèves ont occupé leur école. Avec le soutien des professeurs, des cours sauvages de modèles vivants et d’urbanisme ont eu lieu dans la rue ce jeudi : « Cela permet de se soutenir et de rester motivés dans la mobilisation. »
Un sentiment d’inquiétude habite tout de même ces futurs architectes : « On a peur que notre diplôme soit dévalorisé, un peu comme le bac de l’année Covid en 2020 », conclut Anne-Cécile.