Depuis le lundi 16 janvier, Benjamin, propriétaire d’ El Diablo, a dû fermer son établissement après le passage de la Commission de Sécurité et une mise en demeure. La ville lui demande de faire des travaux de sécurisation dans son établissement.
Cela fait 3 ans qu’El Diablo, le club de la rue de Wazemmes, s’est spécialisé dans le rock-métal avec des groupes en live, et c’est un des seuls de ce genre à Lille. Entre 200 et 250 groupes se sont déjà produits sur la scène de « live rock club » et cela dans une ambiance de proximité. Benjamin est le propriétaire des lieux : « le public discute et boit des coups avec les groupes après les concerts, cela facilite la création de liens ».
En trois ans, seule une personne s’est foulée une cheville.
Le bar, déjà bien intégré dans le quartier, n’a jamais reçu de plaintes. Benjamin ajoute même qu’« en trois ans, pour tout incident, seule une personne s’est foulée la cheville ». Alors, lorsque la Commission de Sécurité a prévenu de son passage, Benjamin était plutôt serein. Mais la sentence est tombée : il faut faire des travaux. Au total, 16 points devront être réglés. Et il y a un hic : tant que durera le chantier, El Diablo devra baisser le rideau. Le patron des lieux est abasourdi, interloqué devant cette mesure qui menace l’équilibre de son établissement : « ce n’est en aucun cas du gros œuvre. Il s’agit ici d’enlever les prises multiples sur la scène, là de changer les portes d’entrée pour qu’elles s’ouvrent vers l’extérieur, ou bien encore d’ôter certains éléments du décor. Je ne comprends pas pourquoi de si petits travaux nécessitent de fermer le bar.»
Toutes ces modifications devront attendre un nouveau passage de la commission de sécurité pour être approuvées et validées. A la grande inquiétude de Benjamin qui poursuit : « On ne sait pas pour combien de temps El Diablo devra mettre les clefs sous la porte. Cette fermeture, c’est une vraie mise en danger pour le bar, on doit faire face aux dépenses pour les travaux en plus des dépenses habituelles, et l’argent ne va pas rentrer ». Seule consolation : contrairement à d’autres bars lillois comme Le Zeppelin ou Le Bal Masqué, El Diablo ne risque pas de sanctions financières.
Cela tue la scène amateur.
Mais le propriétaire s’indigne : ce n’est pas la première fois que des bars-concerts ferment. Depuis l’incendie qui a ravagé un bar de Rouen, la commission de sécurité est de plus en plus attentive et multiplie les contrôles inopinés dans les différents bars. Ainsi, L’Artgressif ou encore La Chimère, d’autres bars à tendance rock-métal, avaient dû fermer leurs portes pour causes de travaux. Le coût de la mesure et la durée du chantier ont eu définitivement raison de leur survie. Ils ont disparu du paysage nocturne lillois
« Cette fermeture, ajoute Benjamin, c’est aussi une plaie pour les associations avec lesquelles nous travaillons, cela tue la scène amateur ». En effet, El Diablo fait passer en live des groupes amateurs ou peu connus et leur permet ainsi de se faire entendre.
Autre inquiétude pour Benjamin : la ville veut faire passer l’établissement dans la catégorie des salles de concert. Impossible, assure le patron, qui ne voit pas par quel miracle son établissement pourrait accueillir les 294 personnes exigées en lieu et place des 139 clients qui remplissent déjà le club. A moins de pousser les murs…