Quand fabriquer rime avec mieux consommer

« Partager des pratiques nouvelles fondées sur l’économie circulaire » : tel a été le maitre mot du festival Maker-Faire qui s’est déroulé à Lille le week-end dernier Un événement innovant et créatif qui a permis aux passant surpris et séduits de déambuler dans les allées futuristes. Certains se sont fait poursuivre par des robots nouvelle génération, d’autres ont pu s’attarder sur des vêtements faits en chute de tissus ou dépenser pour une lampe en culot de bouteille. L’occasion aussi pour petits et grands de réfléchir au thème de cette 4ème édition : l’habitat durable et l’économie circulaire.

« C’est ma 1ère visite au salon et j’adore, il est plein d’énergies positives. On nous apprend à fabriquer et créer par nous-mêmes », s’émerveille Magalie entre deux regards vers son fils Maël en pleine fabrication de briques isolantes en déchets papiers. La propriétaire du stand, Candice, veille au grain : « On vient d’une asso qui s’appelle candiD et qui se veut être une forme de médiation. Aujourd’hui, avec notre activité, on veut sensibiliser au recyclage papier et montrer qu’on arrive à fabriquer des choses avec ce que l’on a à la maison ». Tout en aidant Maël, elle reprend : « on a besoin de la participation des visiteurs car sans eux, on ne sert à rien. Ce qu’on propose ici est disponible gratuitement sur notre site internet, on n’a aucune intention de l’industrialiser, ce n’est pas notre but ». Elle conclut, le regard déterminé : « Il faut réussir à sortir de la position de consommateurs dans laquelle on se complait ». Marion, exposante du stand L’Air du Bois partage son point de vue : « Il faut quitter ce cercle vicieux de consommation, on ne peut plus continuer à utiliser la planète de cette façon », affirme-t-elle. Elle et ses deux compagnons, Raoul et Antoine, proposent aux passants – potentiels clients- de se former à l’utilisation du bois « Chez soi, on n’a pas forcément les outils ou les connaissances. Ici, on vous propose de tout faire ». Elle s’interrompt, la voix masquée par le bruit de la scierie, puis reprend : « Vous venez, vous ne savez rien faire, on vous partage tout, chacun transmet son savoir ».

« On ne peut plus continuer à utiliser la planète de cette façon »

C’est aussi ce partage qui plait à Juliette, intervenante du stand DIY tufting : « Je veux casser l’isolement et le mythe de l’artisan seul dans son atelier. Moi, j’aime transmettre », affirme-t-elle derrière son étal de créations colorées. Durant les trois jours d’exposition, elle a proposé à la foule de passants curieux de réaliser son activité du quotidien : le tufting, une technique qui permet de fabriquer des créations en laine. Cette professionnelle s’inscrit dans la tendance maker et dans l’économie circulaire : « mes pièces sont uniques, conçues et fabriquées sur demande. Et 60% des fils que j’utilise sont des fils de récupération donnés par des couturières locales », explique- t-elle avec fierté.

 

« Donner les bases »

Arnaud, animateur du stand Les petits radis, espère aussi donner l’envie de mieux consommer aux classes de primaire au sein desquelles il intervient : « Je propose des légumes sous forme de graines ou de plants de saison car les écoles ont des potagers mais ne savent pas comment s’en servir ». Et même si ces kits peuvent être commandés à titre individuel, il insiste sur l’importance de les mettre à disposition des écoles : « A cet âge, on peut leur donner les bases et atteindre tous les milieux sociaux, surtout ceux pour qui bien manger n’est pas une priorité ». Son initiative, comme toutes celles qui étaient présentes ce week-end, pourrait bien avoir éveillé une conscience écologique et durable chez les visiteurs, attentifs aux conseils et tutos donnés par les exposants.

« Ça permet de faire bouger les choses et ça, c’est chouette », résume Juliette, mère de quatre enfants. Et même s’ils n’abandonneront pas tout pour vivre dans un bus autonome comme celui qui trônait devant l’entrée, tous les visiteurs se disent prêts à essayer de mieux consommer.