Samedi 24 novembre, Noustoutes organisait une marche nationale contre les violences sexistes et sexuelles. Lancé il y a quelques mois, ce nouveau mouvement se veut être « l’après Me Too ». La marche féministe a réuni environ 50 000 personnes dans toute la France. A Lille, nous étions 1500 à manifester. Femmes et hommes (oui, également) se sont donnés rendez-vous à 14 heures place de l’Opéra.
L’heure n’est plus à faire dans la dentelle. Oubliez vos préjugés sur les femmes qui ne seraient que douces et tranquilles, parfumées et dociles. Oubliez les petites choses fragiles des anciens temps. D’autant plus que ces dames ne se parent plus de rose mais de violet. Souvent, le violet évoque le mystère, l’amitié… Mais c’est aussi le violet des hématomes que beaucoup ont sur le corps… Il y a donc le violet de NousToutes, un violet rempli de toutes ces nuances de la vie. C’est celui-ci que nous retrouvons, place de l’Opéra. Où, dès notre arrivée, on entonne L’hymne des femmes du Mouvement de Libération des Femmes de 1971. Le ton est donné. À côté de nous, une manifestante essaie d’expliquer à la fillette perchée sur ses épaules comment bien tenir sa pancarte Toutes dans la rue. Autour, ça bouillonne. Les groupes s’attroupent près des marches pour écouter le discours de lancement. Les organisatrices qui se partagent le micro s’étonnent de tout ce monde. « Vous savez, à Lille, en général, les actions féministes, ça se passe surtout en petit comité », plaisante l’une d’entre elles.
Quand je parle de féminisme au lycée, ça fait peur.
La foule se met en route. Les nuances de mauve et de violet qui rythment tenues et pancartes transpercent la grisaille lilloise. Comme souvent à Lille, on défile sous la pluie, et dans la joie. On se tape la bise, on se retrouve, beaucoup s’étonnent de croiser des connaissances. Les inconnues deviennent soudainement des amies, des compagnes, des sœurs. Dans le cortège, on rencontre Léa, les yeux fardés de paillettes violettes. Elle a seize ans. « Je suis venue pour ma mère et ma meilleure amie qui ont subi des violences. C’est quelque chose qui me tient à cœur, c’est pour cela que je me suis proposée en tant que bénévole. Pour faire plus. » Lorsqu’on l’interroge sur son engagement, elle répond : « Je pense que ce sont les plus touchées qui vont le plus réagir. Au lycée, lorsque je parle de féminisme, cela fait peur. Il y a encore cette idée que les femmes veulent prendre le pouvoir sur les hommes pour les dominer », s’agace la jeune fille. A ses cotés, il y a Virginie. Plus âgée, elle a quelques années de militantisme au compteur : « Je fais partie du groupe de soutien des victimes de viol. Je suis là pour les représenter, parce que c’est dur pour elles de venir et de parler. J’ai moi-même était violée il y a quelques années. La chose que je peux vous affirmer, c’est que personne ne m’a écoutée. Ni la police, ni les magistrats. Maintenant, il est temps qu’on se fasse entendre », martèle-t-elle.
La rue, elle, les a entendues. Après deux heures de marche, de protestation et de slogans, trempés, nous retournons devant l’Opéra. Certaines retrouvent leur souffle pour chanter encore une fois l’hymne des femmes. Jeunes, âgées, de tous milieux… c’est une voix commune qui s’éveille pour une dernière ode à la liberté. Celle des femmes.
On prévoit d’autres actions, c’est lancé !
Les notes s’affaiblissent peu à peu, elles s’éparpillent mais pas pour longtemps. Flavie est l’une des organisatrices de la marche. « On est heureuses. Vraiment. On a galéré pendant deux mois à tracter mais cela valait le coup », assure la jeune femme. Elle ajoute : « A Lille, nous ne sommes que cinq à former le comité Noustoutes59. Le noyau dur de l’organisation de cette marche, c’est nous. Mais de nombreux bénévoles nous ont rejoints pour nous aider. On avait donné rendez-vous 1 heure plus tôt à celles et ceux qui voulaient encadrer. Et cela a plutôt bien marché. C’est clair, on ne va pas s’arrêter là. On va prévoir d’autres actions. C’est lancé, et hors de question que cela s’essouffle. C’est trop important. »
Trop important, en effet, pour que cela s’arrête. Trop important, pour être ignoré. Le mouvement a réussi, chose rare, à mobiliser 50000 personnes à travers le pays autour des violences commises envers les femmes. Et ce n’est que le début. Car enfin, mesdames, n’oubliez jamais : « la rue est à nous toutes »…
Surtout, allez checker la page Facebook de Noustoutes59 pour vous tenir au courant des prochaines actions.