Avec plus de 16 millions d’abonnés en France, Instagram est définitivement l’un des réseaux sociaux les plus en vogue dans l’Hexagone. Ce moyen de partage a vu naitre un phénomène assez curieux : celui des influenceuses. Ces bloggeuses nouvelle génération, de plus en plus nombreuses sur la toile, le sont plus particulièrement sur Instagram.
Inès, étudiante lilloise en nutrition, est l’une de ces influenceuses. Sous son pseudo Callmehappines, elle est suivie par plus de 2100 followers. Circonflex Mag l’a rencontré.
Circonflex Mag : Tu es sur Instagram depuis combien de temps ?
Inès : Je me suis inscrite il y a 2 ans, mais j’ai passé mon compte en mode professionnel depuis maintenant 10 mois.
Qu’est ce qui t’a motivée à passer en mode professionnel ?
Quand mon nombre d’abonnés s’est mis à augmenter, j’ai commencé à avoir des opportunités : certaines marques m’ont fait des propositions. Et ce sont ces mêmes marques qui m’ont conseillée de passer pro pour une avoir une meilleure visibilité et plus de crédibilité.
La tenue de ton compte te demande beaucoup de travail ?
Cela exige un suivi constant, avec des publications tous les jours. Si je ne renouvelle pas constamment mon compte en mettant des photos, en proposant des idées et en partageant ma vie, mes envies, les gens se désabonnent.
Tu y consacres combien de temps par jour ?
Quand j’ai du temps, ça peut aller jusqu’à 3 heures : il faut prendre des photos, les retoucher, les poster, suivre des comptes et les commenter pour qu’ils puissent me suivre en retour. Quand je suis en partiels, j’y consacre seulement 30 min par jour mais du coup, j’ai moins de contenu. Ca dépend donc des périodes.
Netflix France m’a aussi contactée.
Depuis que tu es passée pro, qu’est-ce que ton compte Instagram t’a apporté ?
Les marques cherchent des influenceuses pour augmenter leur portée d’atteinte sur Instagram. Par exemple, Diesel m’a invitée à une soirée privée à l’occasion du lancement de sa nouvelle collection sur laquelle j’avais -50%. Chaque semaine, je reçois des invitations de nouvelles marques ou de salons de beauté. Pendant les 6 premiers mois, j’ai quasiment été invitée dans tous les restaurants de Lille en échange d’un post sur mon compte. J’avais la possibilité de ramener une personne avec moi et nous mangions gratuitement. Netflix France m’a aussi contactée mais je ne peux pas vous en dire plus car j’ai dû signer une clause de confidentialité. (Rires)
Tu as déjà une certaine visibilité. A partir de combien d’abonnés considéreras-tu avoir vraiment une grosse influence ?
Je ne me vois pas vraiment comme une bloggeuse, même si les marques me considèrent comme telle. A partir de 2000 abonnés, même de 1500, mais à condition de proposer du très bon contenu, les marques commencent à te montrer de l’intérêt. A 10 000 abonnés, les retombées sont plus considérables : il y possibilité d’être rémunéré et de recevoir pas mal de cadeaux. J’en ai déjà reçu quelques uns, des montres ou des bracelets. Mais je ne fais pas ça pour l’appât du gain, c’est juste une passion.
Tu as déjà rencontré d’autres influenceuses ?
Oui, on est même devenues copines avec certaines. J’ai par exemple fait la connaissance d’ Anaïs, une bloggeuse de Lille qui a plus de 50 000 abonnés. C’est cool parce que ça permet aussi de rencontrer des gens – pas toujours sympathiques certes -mais j’ai croisé des personnes formidables.
À t’entendre, tout est parfait et idéal. Est-ce qu’il y a des choses que tu n’as pas appréciées depuis que tu es passée pro ?
C’est un monde très critiqué. Parfois, on ne te considère plus vraiment comme une personne mais comme un objet qui va attirer d’autres personnes. Je l’ai déjà senti quand j’allais aux évènements des marques ou des salons de beauté. A mon arrivée, les représentants s’exclamaient « Ah, c’est la bloggeuse » … Non. Mon prénom, c’est Inès. Ce que je trouve également nul, c’est que certains contrats obligent à dire du bien des produits, même si ce n’est pas forcément notre avis. C’était le cas avec certains restaurants ou applications que j’ai donc refusés. Si l’on ne respecte pas ce contrat, il peut même y avoir des procédures juridiques. Des influenceuses se comportent aussi de manière hautaine avec les gens… Voilà l’envers du décor…
Comment tes parents ont-ils réagi à ton investissement sur Instagram ?
Ils ne comprennent pas trop. Ils ne se rendent pas compte de l’importance que ça a de nos jours : ce n’est pas leur génération. Pour eux, Instagram, c’est juste fait pour partager des photos. Ils n’ont pas conscience des retombées que cela peut avoir. Quand j’ai dû me déplacer à Paris après l’invitation de Netflix, ils m’ont reproché d’avoir loupé une journée de cours. Sachant que Netflix a payé mes frais de déplacement, si l’opportunité se représente … j’y retournerai sans réfléchir ! (Rires)