Corinne Békaert : « Un politique, ce n’est pas une rock star »

Née à Téterghem, près de Dunkerque, Corinne Békaert, chef d’entreprise et scientifique, s’est lancé en juillet dernier un défi un peu fou… Celui d’être candidate à l’élection présidentielle pour « apporter une voix différente ». Elle n’est pas parvenue à rassembler les 500 parrainages nécessaires pour concourir à l’élection suprême. L’ex-candidate revient sur la naissance de son engagement et sur la campagne qu’elle a dû mener.

Est-ce qu’on se lève un matin en se disant «  je veux me présenter à l’élection présidentielle »,  ou est-ce un projet murement réfléchi ?

C’est une longue réflexion (elle rit). Cela fait un an que j’y pense. Le premier confinement m’a permis de réfléchir à des solutions pour la France. Je me suis lancée dans la présidentielle pour apporter un projet fait par, pour et avec le peuple. J’ai pensé que mon parcours de vie, mon expérience pouvaient faire avancer les choses.

Comment a réagi votre entourage quand vous leur avez annoncé votre candidature ?

Dans un premier temps, ils ont été assez étonnés, il faut le dire. Mais ils ont rapidement compris le sens de mon engagement. Ils sont devenus de réels soutiens.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi en 2022 ?

Parce que depuis les dernières élections, on constate un désengagement politique et  une fracture de plus en plus forte au sein de la société. La crise sanitaire a permis de mettre en lumière les faiblesses de notre pays : la précarité étudiante, le manque de personnels soignants, les violences faites aux femmes, le taux grandissant de gaz à effet de serre, etc. Je ne vois pas dans le programme des candidats déclarés les solutions qui pourront enrayer ces problèmes. Ils sont plus dans une guerre d’égos que dans une guerre idéologique. La forme prime sur le fond dans cette campagne. Le politique devient une rock star. Pendant ce temps, ils n’apportent pas de réelles solutions.

Ce sont nos différences qui font la richesse d’un pays

C’est pour toutes ces raisons que vous avez créé le mouvement  Osons la différence 

J’ai créé Osons la différence pour faire de la France un pays positif et rassemblé. J’ai choisi ce nom pour 2 raisons. D’abord, il faut toujours oser et aller de l’avant dans la vie. Ensuite,  pour indiquer que la différence est une force et pas une source de division. Peu importe notre religion, notre couleur de peau, nos revenus, notre genre. Nous sommes tous égaux et nous devons bâtir la France de demain ensemble,  et non pas divisés comme nous le sommes en ce moment. Ce sont nos différences qui  font la richesse d’un pays

Vous êtes chef d’entreprise et scientifique. Quelles mesures prendriez-vous à la place d’Emmanuel Macron sur les questions économiques et sanitaire ?

Je valoriserais les PME faisant moins de 25000 euros de bénéfices en supprimant les impôts des sociétés. Ce n’est pas normal qu’une petite entreprise paye plus de taxe en termes de pourcentage qu’une grande entreprise. Il faut aider les investisseurs à se lancer. J’engagerais également une revalorisation du travail. Les charges salariales seraient transformées en salaire. Et en ce qui concerne la santé, je pense que la transaction à l’acte doit être supprimée et qu’il faut revaloriser les métiers soignants par le salaire et par la reconnaissance du métier. Et surtout limiter au maximum la paperasse qui encombre le médecin dans son travail.

Je vais garder ma liberté

En tant que « petite candidate », vous sentez-vous écrasée par les partis traditionnels ?

Oui bien sûr, notre présence dans les médias est très restreinte, voire inexistante. En tout, une dizaine d’articles ont été consacrée à ma candidature. Si vous prenez des candidats comme Anne Hidalgo, Jean Luc Mélenchon,  Marine Le Pen… c’est une dizaine par jour. On pâtit vraiment, nous les petits candidats, d’un défaut de visibilité.  L’écho de ma candidature n’a pas dépassé la région : à cause du manque de relais, du manque de moyens …

Comment avez-vous vécu votrerecherche de parrainages ?

C’était très difficile. On est dans un système descendant alors qu’on devrait avoir un système ascendant qui vient des citoyens. J’ai reçu une dizaine de promesses. La fin de l’anonymat des parrainages et le nombre important de candidatures ne m’ont pas facilité la tache !

Votre campagne vient de prendre fin, vous n’avez pas vos 500 signatures. Allez-vous vous rallier à un autre candidat ?

Cette campagne a été très enrichissante, elle m’a donné  l’occasion de dialoguer avec des citoyens de différents horizons. On a construit beaucoup de choses avec très peu de moyen. Alors,  pour répondre précisément à votre question, non, il n’y aura aucun ralliement, je vais garder ma liberté

Allez-vous continuer la politique et si oui quels sont vos prochains objectifs ?

C’est le début de quelque chose en effet. Pour l’instant, je n’ai aucune échéance. Je sais désormais que je suis capable d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Je ne sais pas quelle forme va prendre Osons la différence mais ce qui est sûr, c’est que je vais continuer à œuvrer pour les Français à travers ce mouvement.