Avec une inflation proche de 6%, de nombreux étudiants se retrouvent en situation de plus en plus précaire. Adam Medkour, assistant social au All solidarité (CPSU), nous explique les démarches entreprises par son service pour aider les étudiants qui souhaitent obtenir une bourse du CROUS
Adam Medkour prend la parole dans son bureau fraichement aménagé :« Le campus de l’Université catholique de Lille accueille à peu près 38500 étudiants. C’est un institut privé, il faut donc débourser des sommes plus ou moins importantes pour pouvoir y étudier. Mais La Catho se différencie des autres universités de la région grâce à l’association All. Un CPSU (centre polyvalent de santé), 6 restaurants, un service de sport, un all logement sont autant de services proposés par l’asso, accessibles à tous les étudiants … Mais aussi un all solidarité, qui informe sur les démarches et les demandes de bourses par exemple. »
De 1084 à 5965 euros par an
Qui peut bénéficier d’une bourse d’étude du CROUS ? Son attribution est basée sur des critères sociaux . Elle dépend des revenus des parents, de la localisation et des points de charge fiscale du foyer. Cette aide varie de 1084 euros à 5965 euros par an . Elle peut monter jusqu’à 7158 euros si elle est maintenue pendant les vacances d’été. « Notre rôle, c’est aider les étudiants à y voir plus clair, notamment pour les frais de scolarité. Par exemple, ils ne savent pas forcément que l’équipe interne de l’Institut Catholique de Lille applique automatiquement un tarif dégressif en fonction du revenu des parents. Ce qui veut dire que même les étudiants qui ne bénéficient pas d’une bourse peuvent avoir des réductions. » Il est déjà possible de simuler ses frais de scolarité pour la rentrée 2024-2025,sur le site du simulateur, pour connaître le prix exact d’une année d’étude.
« La bourse augmente, mais les charges aussi »
« Je suis arrivé en octobre 2021 et les demandes d’aide face à la précarité étudiante étaient déjà importantes, explique Adam. Mais c’est en mars 2022 que les demandes ont doublé. Quand nous calculons le budget mensuel d’un étudiant, la place accordée à l’alimentaire est prépondérante. Il faut savoir que certains étudiants ne mangent plus qu’un repas par jour… C’est toujours difficile à entendre pour moi .» Pour boucler ses fins de mois, on fait des économies par-ci, par-là. La majorité des concernés sont en situation d’extrême précarité : une fois toutes les factures payées (logement, abonnement de transport Ilévia, internet et téléphonie), il reste parfois moins de 50 euros pour subvenir à ses besoins. « La bourse augmente, mais les charges aussi», constate l’assistant social avec lucidité.
Près de 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté
Ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts, et qui viennent taper à la porte du CPSU n’ont pas tous le même profil. Adam résume la situation : « Il y a d’abord l’étudiant qui a un projet de base fragile. Il n’est pas sûr de pouvoir subvenir à tous ses besoins jusqu’à la fin de ses études. Il doit alors se projeter, nous sommes là pour l’aider à réaliser des simulations budgétaires. Le deuxième cas, c’est l’étudiant qui, jusqu’à présent, n’avait pas de problème d’argent, mais qui doit faire face à un changement de situation brutal : perte d’emploi, décès, etc. On essaie donc de regarder les dispositifs de droit commun pour demander ou faire réévaluer une bourse au sein du Crous de Lille. »
Enfin, il y a aussi les étudiants internationaux, qui sont également impactés par la précarité, et qui, contrairement à leurs camarades français, n’ont pas accès aux bourses à critères sociaux. « Un étudiant reste un étudiant, le All solidarité tente d’apporter le plus de solutions possible », conclut Adam Medkour.
Aujourd’hui, on estime que près de 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté en France.Entre coûts alimentaires, de logement ou encore de santé, les dépenses peuvent vite devenir insupportables pour les élèves de l’enseignement supérieur. La rentrée prochaine sera-t-elle celle où ils pourront bénéficier d’aides supplémentaires de l’Etat pour se tirer d’affaire ? En attendant, les étudiants éligibles à la bourse sur critères sociaux peuvent déjà renouveler leur demande avant le 15 mai 2023.