Le combat silencieux d’une infirmière en psychiatrie

Dans l’univers clos d’un hôpital psychiatrique, une jeune infirmière de 22 ans, fraîchement diplômée, débute sa carrière dans un monde aussi complexe qu’enrichissant. Là où beaucoup imaginent un lieu uniquement destiné à guérir, elle perçoit avant tout un espace où s’affrontent douleurs des patients et mal-être des soignants.

Elle préfère garder l’anonymat, une modestie qui sied à sa personnalité. Elle raconte ses premiers jours, marqués par un mélange de fascination et d’émotion. « La première fois que j’ai vu un patient en crise, je ne savais pas quoi faire. Au début, j’observais, mais il a fallu agir, et vite… ». Elle explique que travailler en psychiatrie ne se limite pas à soigner. C’est aussi comprendre, absorber, et surtout encaisser. « Nous avons dû le maîtriser, et c’était très dur, physiquement et mentalement. Surtout que c’était un jeune de mon âge. J’en tremblais. »

« Est-ce qu’on aurait pu mieux faire… ? »

Ce qui frappe le plus cette jeune infirmière, c’est l’incompréhension qui entoure son métier. « On parle beaucoup de la souffrance des patients, et c’est totalement légitime ! Mais parfois, on oublie que nous, les infirmiers, on la porte aussi. Elle nous imprègne, jour après jour, et ce n’est pas toujours facile de la gérer. ». Tous les jours, elle se lève et s’engage avec la même énergie que la veille pour prendre soin de ses patients, même dans les moments les plus difficiles. Chaque sourire, chaque geste de réconfort, chaque écoute attentive est une façon pour elle d’illustrer ce qu’elle aurait voulu pour ses proches, si jamais ils traversaient des épreuves similaires.

Chaque journée est une montagne à gravir, faite de défis physiques et émotionnels. Les sous-effectifs, le manque de moyens, les attentes infinies des patients et leurs familles… tout cela pèse sur la force mentale que son travail impose. « Quand on finit une journée, on est vidé. Pas seulement physiquement, mais aussi mentalement. Et puis il y a aussi ces nuits où l’on refait les scènes dans notre tête, à se demander si on aurait pu mieux faire. »

 « La charge émotionnelle est devenue un poids constant »

Elle décrit des situations où les soignants sont confrontés à des dilemmes. « Parfois, on doit prendre des décisions qui sont dures aussi pour nous : limiter une visite, devoir attacher un patient en crise pour le protéger des autres, mais surtout de lui-même… ». Elle aimerait que le monde comprenne que si certains patients ressentent un manque d’écoute ou d’empathie, ce n’est pas parce que les soignants ne s’en soucient pas : « on le fait pour leur bien, mais ce n’est pas toujours compris.». Elle et son équipe voudraient « tout donner à chacun, mais c’est impossible ».

Pourtant, malgré tout, elle reste passionnée par son métier. Au sein de l’hôpital, on loue sa patience et son sourire. Ses collègues comme ses patients savent qu’ils peuvent s’appuyer sur elle, grâce à son empathie et à sa bienveillance, deux qualités essentielles qui se reflètent à travers son amour d’aider.