3 semaines après l’attentat dans un lycée d’Arras, qui a conduit à la mort de l’enseignant, Dominique Bernard, l’émotion et la colère sont toujours vives. L’Association francaise des victimes du terrorisme se mobilise afin d’accompagner les élèves et tout le corps éducatif affectés par cette attaque.
« Tout de suite après l’attentat d’Arras, j’ai écrit au proviseur et au proviseur adjoint du lycée Gambetta. Je leur ai proposé notre aide. » Chantal Anglade est professeure de lettres et responsable du pôle éducatif de l’Association francaise des victimes du terrorisme (AfVT). Fondée en 2009, cette association se donne pour mission d’accompagner les victimes d’attentats terroristes, dans leur deuil et leur reconstruction après de tels traumatismes. Elle tente de libérer la parole autour de ce sujet toujours délicat, notamment dans le milieu scolaire. L’AfVT, qui réunit des personnes « averties et engagées » apporte son aide à toutes celles et ceux qui ont été affectés par le terrorisme, à travers des actions à la fois citoyennes et éducatives. Elle accompagne également les victimes dans les démarches juridiques.
« Il nous arrive d’intervenir dans des établissements scolaires, auprès des élèves, des familles, et de la communauté éducative. Il y a trois ans, nous sommes allés à Conflans-Sainte-Honorine, dans le collège où enseignait Samuel Paty. » Le message que souhaite véhiculer l’AfVT auprès des collégiens et des lycéens se veut positif et dépourvu de tout sensationnalisme. « Nous essayons de faire un travail d’information, de sensibilisation », confie Chantal Anglade, elle-même victime du terrorisme. La tentation radicale en milieu scolaire existe, insiste la professeure. Il est donc primordial d’engager le dialogue avec les élèves.
Souvent invisibilisées, les victimes font peur. « Nous essayons de déconstruire les idées préconçues qui leur collent à la peau ». Madame Anglade insiste sur le fait que « les victimes ne doivent pas rester seulement dans une position de victime, il faut qu’elles deviennent actives ». Cela s’effectue par des échanges et du dialogue, avec d’autres victimes ou des personnes qui n’ont jamais été touchées par des attaques terroristes, mais qui sont formées pour libérer la parole.
En France, depuis 2012, selon la Direction Générale de la Sécurité Intérieure, les attentats terroristes ont causé la mort de 272 personnes et ont fait près de 1200 blessés.