Rien ne la prédestinait à ce diagnostic. Pourtant, à 45 ans, Aline apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein de stade 1. Un défi pour cette battante.
Centre hospitalier Oscar Lambret. C’est dans la cafétéria du service de cancérologie qu’Aline nous a donné rendez-vous. Son sourire et sa joie font presque oublier l’endroit où nous nous trouvons. « Je n’étais pas aussi confiante la première fois que je suis venue ici », confie-t-elle, « Mais aujourd’hui, c’est différent. C’est mon dernier examen de suivi, je termine mon traitement hormonal en avril », précise-t-elle. Elle nous raconte.
« C’est mon compagnon qui m’a fait la remarque lors d’une soirée. Il avait senti une boule sous mon sein. Mais je ne me suis pas affolée. Je n’avais aucun antécédent de cancer du sein dans ma famille. J’ai d’abord pensé à un kyste. ». Elle relativise, mais en raison des insistances et des inquiétudes de son compagnon, elle décide « de lui faire plaisir » et prend rendez-vous chez son médecin traitant à Lille. En septembre 2019, après une échographie et une biopsie, on lui annonce la mauvaise nouvelle : elle est atteinte d’un cancer du sein de stade 1.
« Une profonde injustice »
À seulement 45 ans et avec une très bonne hygiène de vie, elle a eu du mal à encaisser le choc. Lors d’un de ses rendez-vous, elle remarque un prospectus qui donne cinq bons conseils pour éviter le cancer : ne pas fumer, ne pas boire, ne pas allaiter, avoir une alimentation équilibrée et une pratique sportive. « Quand j’ai lu ces recommandations, je me suis mise en colère. J’ai arraché la feuille et je l’ai jetée. Je ressentais une profonde injustice. Je ne fume pas, je ne bois que rarement, je fais du sport, j’ai une bonne alimentation, même en étant gourmande », raconte- t-elle avec une pointe de colère dans la voix.
Aline se replace dans sa chaise, et son visage qui arborait jusqu’ici un sourire se ferme un peu. Elle confie être maman de trois enfants. Leur annoncer cette nouvelle a été l’épreuve la plus difficile de sa maladie. « J’ai eu du mal à leur en parler. J’ai trois enfants d’âges différents, 11, 15, et 20 ans à l’époque. Je ne pouvais pas leur annoncer en même temps, avec les mêmes mots. » Son entourage la décrit comme une maman très dynamique et proche de ses enfants. Travaillant dans le social, elle connaît par coeur l’importance que les enfants accordent à leurs parents : « Aux yeux des enfants, nous sommes des héros invincibles. J’ai eu du mal à détruire cette image. ». Elle a également eu du mal à annoncer la nouvelle à ses cousines : « J’avais l’impression d’avoir le mauvais rôle en les informant qu’il y avait désormais un risque de cancer du sein dans la famille. »
Ce qui lui a permis de rester positive, c’est l’accompagnement qu’elle a reçu des professionnels de la santé. Ils l’ont rassurée. « Je ne me sentais pas malade », poursuit-elle. Son cancer était au premier stade. Il était invisible. Pour elle, pas de chimiothérapie, pas de perte de cheveux. Aucun signe physique qui montrait sa maladie.
« Pour moi, être malade, c’est avoir mal »
À la suite de son opération, Aline se retrouve en arrêt maladie pendant un mois et demi. Elle avoue que cela a été très difficile : « Quand j’ai appris la durée de mon arrêt, je suis rentrée chez moi et je me suis effondrée en larmes », se souvient-elle. Aline a la réputation d’être une sacrée bosseuse. Cet arrêt étonne sa responsable, qui la contacte pour prendre des nouvelles. « J’ai trouvé ce geste très beau, cette façon de me montrer sa reconnaissance et de prendre soin de moi. ».
Aline est restée positive pendant cette épreuve. Mais elle admet que tout n’a pas été rose. La chirurgie, les suites de l’opération, les séances de rayons qui ont suivies ont été très douloureuses. « J’étais fatiguée, ça me brûlait. ». Elle reconnaît que ce furent les moments où elle s’est sentie malade. « Pour moi, être malade, c’est avoir mal. ». Et puis il y a les séquelles du cancer. La cicatrice. Les quatre petits points tatoués rappelant la zone traitée par les rayons. Des douleurs au niveau du ganglion qui la restreignent dans ses activités quotidiennes. « Pendant mes séances de natation, je ressens une douleur à l’épaule après 45 minutes. Je suis aussi limitée pour porter des charges lourdes. ».
Malgré ces douleurs, Aline refuse de se laisser abattre. Pour elle, la vie est une bataille, et celle contre son cancer ne fait pas exception. Son médecin l’a rassurée : « il m’a expliqué que la nature de mon cancer le rend moins susceptible de récidiver ». Mais en tant que mère d’une fille de 20 ans, elle est consciente des risques qui pèsent sur les jeunes filles, et sur les moins jeunes. En France, une femme sur 8 est touchée par le cancer du sein.