Samedi, 16h30. Notre équipe de Circonflex Mag est attendue rue de l’Hôpital Militaire, dans un bar qui cultive le local : La Ressourcerie. Camille et Clémence, les co-gérentes de l’enseigne, nous reçoivent. Claquées après le service du fameux brunch, l’une des traditions de la maison, elles reviennent sur l’histoire de ce lieu, maintenant connu comme levier de projets locaux.
Si elles étaient mariées, elles fêteraient leurs noces d’étain (soit 10 ans de mariage). Longtemps, elles ont travaillé toutes les deux dans le monde de la com et de la pub. Un jour, elles ont décidé de dire stop aux contraintes et aux patrons. Il était temps de s’émanciper. Il y a deux ans et demi, en aout, leur bébé a vu le jour : La Ressourcerie, c’est leur endroit d’évasion.
“Tu prends un thé, tu prends une bière, y’a 5% de ta consommation qui est reversée au projet.”
Pour ces Lilloises, ce lieu, c’est avant tout une envie de mettre en avant les ressources locales. “On soutient des porteurs de projet de la région, résume Camille, au rythme d’un par mois”. Telles des fées-marraines, elles leur reversent 5% de la recette du mois. Finalité uniquement pécuniaire ? Pas du tout ! “Le but principal, c’est de leur donner de la visibilité et de créer des échanges avec une communauté. Et éventuellement un peu de financement” précisent-elles.
Cet aspect communautaire, c’est une question à laquelle elles ont été confronté dans leur précédent job : comment réunir les gens facilement ? La réponse a coulé de source pour les deux amies : le bar ! “C’est le support le plus facile pour faire du chiffre : tu prends un thé, une bière et 5% de ta consommation est reversé au projet”. Simple et efficace ! On peut dire qu’elles ont déniché le concept gagnant !
“C’est un système de donnant-donnant.”
Gagnant certes… si tout le monde y met du sien. “Le deal ? On soutient un projet pendant un mois. Mais ce n’est pas non plus gratuit : c’est un système de donnant-donnant”, explique Camille. La contrepartie? Organiser 4 soirées dans le mois et atteindre un certain pallier de chiffre d’affaire. Là, les 5% sont reversés. “4 soirées, ça fait quand même une par semaine … pas évident pour tout le monde, on est obligé de faire une sélection, ajoute Camille. Les gens nous envoient un mail pour nous présenter leur projet. Il faut qu’il soit déjà bien finalisé, on ne peut pas se permettre de partir à l’aventure”.
L’autre alternative, c’est de s’intéresser à des projets qui ont besoin d’un coup de main pour compléter un financement participatif. La fierté de Camillle et Clémence ? Avoir aidé un jeune réalisateur, Léo Hardt, à tourner un court-métrage, Petite Avarie, sur le cancer du sein (plus d’infos ici). “Pour son tournage, Léo avait besoin de matos. La solution : passer par un organisme de prêt. Mais pour ça, il faut venir avec un plan de financement qui tienne la route. Quand c’est ton argent perso …et que tu ne roules pas sur l’or, ce n’est pas toujours évident” ; Grâce aux soirées de La Ressourcerie, Léo a récolté 10 000 €, et a pu finaliser son film…qui plus est, soulignent les filles avec un grand sourire de satisfaction, marche bien aux Etats Unis !
“On a beaucoup de talent ici et on connait nos produits !”
Ce qui est bien avec La Ressourcerie, c’est qu’il y a toujours quelque chose à découvrir. Et question nourriture, il y a de quoi dire : les fameux brunchs élaborés à partir de produits locaux, c’est très tendance en ce moment -c’est d’ailleurs là que les filles de chez Handshake (les infos ici) ont commencé avant d’ouvrir leur propre cocon-. Et nos deux complices y sont attachées, à leur terroir ! “Toutes les bières, softs, thés et cafés sont du coin. Même le café est torréfié à Valenciennes”, tient à préciser Clémence. Côté salé, même combat. Toutes les planches sont composées de produits exclusivement locaux. “On a des choses très bien, alors autant faire vivre la région. Il y a beaucoup de talent ici !” se vantent fièrement les filles. Grâce à un système de circuit court, elles connaissent leurs fournisseurs. Et ça leur donne envie d’aller plus loin ! La prochaine étape : ouvrir les fourneaux qui leur tendent les bras pour concocter “une cuisine cool, équilibrée et pas trop chère”. Leur mojo : “faire comme le repas tradi du dimanche où tu mets les pieds sous la table” s’amusent-elles.
Si vous êtes du terroir, que vous avez un projet ou du talent, n’hésitez pas : ces deux piles électriques sont toujours à la recherche de nouvelles rencontres !