Dans l’atelier d’un lutin du père Noël

Thierry, retraité depuis quelques années, occupe ses après-midis à créer des objets de décoration en bois. Sa spécialité : les supports de téléphone. A l’occasion du Marché de Noël de Lille, il a ouvert les portes de son atelier à Circonflex Mag pour faire découvrir sa nouvelle passion.

Lorsque l’on passe dans la rue où vit Thierry, on ne peut pas rater le bruit d’une curieuse machine. En s’approchant un peu plus, on est tout de suite accueilli par Charlie, son chien, toujours en train d’aboyer pour demander des caresses. On se concentre un peu plus, et l’on peut presque sentir l’odeur de bois qui se dégage de son garage. Thierry l’a réaménagé en atelier. « Mon garage me servait plus de fourre-tout que d’endroit pour y ranger ma voiture. Je me suis dit qu’il fallait mieux l’exploiter. Ça me permet d’entreposer toutes mes créations. Et au moins, je ne me fais pas houspiller par ma femme, car j’encombre la maison », confie-t- il avec sourire.

Attention : si vous passez une tête dans son atelier, il ne faut pas être pressé : vous ne savez jamais quand vous en ressortirez. « J’aime présenter mon travail. Alors c’est vrai , quand je commence à montrer mes différents modèles, difficile de m’arrêter ! ». C’est d’autant plus vrai que Thierry a en stock une trentaine de modèles différents, un chat, un cheval, un palmier, une guitare, un mineur, une danseuse … Mais l’artisan a le triomphe modeste « Je ne suis pas un artiste. Je me suis donc inspiré des images que j’ai vu sur Internet. Mais attention : tous mes modèles sont uniques ». Il ouvre un porte-revue et montre fièrement ses patrons, qu’il a découpé dans des sets de table.

« Je cherchais quelque chose à créer de A à Z. »

Il s’est lancé dans l’aventure en avril dernier. « J’ai toujours été passionné par l’art. Je cherchais quelque chose à créer de A à Z. Et là, j’ai eu l’idée des supports pour téléphone. J’ai trouvé l’idée originale, je n’avais jamais vu personne en vendre dans des marchés de Noël ».

Thierry a du investir dans des machines spécialisées. Il est fier de sa scie à chantourner : « La lame est très fragile, elle se casse facilement. Mais c’est indispensable, mes figurines exigent un travail de précision ». Il nous montre un de ses derniers modèles, le lion des Flandres, un de ses préférés : « Je me suis raté plusieurs fois, notamment dans la découpe de la langue. C’est tellement fin, cela me demande énormément de temps et de concentration. Au début, j’en avais pour plus d’une heure et demie de travail. Avec de l’entraînement, cela ne me prend plus que 30 minutes ».

La bonne vieille technique du bouche à oreille

Son objectif premier n’était pourtant pas d’en faire un commerce. « Je voulais surtout en faire profiter mon entourage », assure-t-il. Ce sont ses voisins et sa famille qui lui ont parlé du marché de Noël. « Ils m’ont dit que ce serait dommage de ne pas en faire profiter tout le monde ». Il se lance donc cette année dans l’inconnu, sans vraiment savoir si ses créations vont plaire. « Il y aura forcément des modèles qui vont partir plus vite que d’autres. » Il parie sur le chat. Ce premier marché de Noël, c’est un test pour Thierry. « Si ça marche, pourquoi ne pas participer à d’autres événements, comme des brocantes. On verra bien », rêve-t-il un peu. Le retraité pense également à donner les invendus du marché pour aider des associations comme la bouquinerie du Sart à Villeneuve d’Ascq. Et si l’on évoque les plateformes en ligne – Etsy, Vinted – pour écouler ses créations, attention au retour de bâton ! « Pas question ! Je suis contre ces plateformes. Il faut préserver le contact humain ». Thierry préfère la bonne vieille technique du bouche à oreille. Elle a déjà fait ses preuves : en quelques mois, elle lui a permis de vendre une centaine de supports de téléphone, « un en Allemagne, un autre jusqu’en Irlande ! »

C’est la magie de Noël !

Reste l’épineuse question du prix. Avec l’inflation, la hausse du coût des matières premières, pas facile de s’y retrouver. Pourtant Thierry a pris sa décision : il va tirer ses tarifs au maximum. « C’est la magie de Noël ! Je veux que les gens soient juste heureux en achetant mes décorations, sans être freinés par le prix. » Malin, il ajoute : « Comme ça, dans le meilleur des cas, ils pourront en acheter plusieurs ! ».