Alors que les plateformes de streaming continuent de séduire les spectateurs, certains cinémas d’art et d’essai comme Le Majestic et Le Métropole de Lille tiennent bon. Mais pour cela, il faut être à la hauteur des espérances du public.
Depuis quelques années, les plateformes de streaming comme Netflix, Canal+, ou encore Amazon Prime ont modifié en profondeur les habitudes de consommation cinématographique. À portée de clic, ces géants du divertissement offrent des milliers de films et séries, disponibles à tout moment. Au cœur de Lille, des cinémas indépendants comme Le Majestic, au 54, rue de Béthune et Le Métropole, au 26 rue des Ponts de Comines, continuent de braver la tempête numérique en proposant une alternative : des films rares, d’art et d’essai, ou encore des œuvres classiques. Rachetés en 2018 par le Groupe UGC, ces cinémas restent fidèles à eux-mêmes, en continuant de proposer des films de qualités dans leurs 10 salles cumulées.
Partager une émotion collective
Contrairement aux plateformes de streaming où les algorithmes dominent, les programmations du Majestic et du Métropole reposent sur des choix humains. Ces cinémas, labellisés Cinémathèques, s’adressent à un public cinéphile en quête de découvertes artistiques, en projetant des films qui ne sont pas ou peu accessibles ailleurs. « Ici, nous ne cherchons pas seulement à projeter les films les plus populaires, mais à offrir une expérience différente, avec des œuvres qui font réfléchir et qui marquent », explique Loic, manager du Majestic et du Métropole. Rétrospectives, films restaurés, avant-premières confidentielles : les cinémas mettent un point d’honneur à offrir des contenus uniques.
Aller au cinéma reste une expérience à part entière que le streaming ne peut reproduire. Les écrans géants, la qualité sonore, l’obscurité de la salle : ces éléments jouent un rôle majeur dans le plaisir cinématographique. Pour les spectateurs réguliers du Majestic et du Métropole, il ne s’agit pas simplement de voir un film, mais de vivre un moment hors du quotidien. « On vient ici pour partager une émotion collective, raconte un habitué. C’est totalement différent de regarder un film seul chez soi, ici on peut oublier notre quotidien et profiter pleinement du spectacle ».
Un lien fort avec les spectateurs.
Ces cinémas ne sont pas que des lieux de diffusion de films, ils sont aussi des espaces de rencontre pour la communauté locale. Le Majestic et Le Métropole organisent régulièrement des débats, des projections suivies de discussions avec des réalisateurs, ou des soirées thématiques autour de films engagés. Ces événements créent un lien fort avec les spectateurs et permettent aux cinémas de s’inscrire durablement dans la vie culturelle lilloise. Les employés eux aussi partagent ce sentiment de connexion avec le public : « l’ambiance de travail est très agréable, c’est un lieu vivant et ça fait toujours plaisir d’échanger avec les clients », explique Loic.
Même si les plateformes de streaming continuent de croître, les cinémas d’art et d’essai semblent trouver leur place dans ce nouvel écosystème. Le Majestic et Le Métropole montrent qu’il existe encore une demande pour un cinéma différent. Mais il est nécessaire de « voir ces plateformes comme des partenaires, et de travailler ensemble », insiste Loic, afin d’enrichir et de rendre accessible à tous la question de l’éducation à l’image. À l’avenir, ces salles pourraient même tirer parti de la complémentarité entre le streaming et la projection en salle, pour séduire de nouveaux publics tout en préservant leur ADN.
