La représentation du monde par les artistes lillois

Chaque année durant le mois d’octobre, les portes ouvertes des ateliers d’artistes mettent en avant les arts plastiques et visuels, le temps d’un week-end. Grâce à cette belle initiative du département du Nord, près d’un millier d’artistes, professionnels et amateurs partagent avec le public un moment unique et convivial. Circonflex a rencontré Jean-Louis Brochen -de son nom d’artiste Martin Loom- qui travaille ses toiles à partir de fragmentations d’affiches.

Comment avez-vous commencé votre vie d’artiste ?

“J’étais avocat dans une première vie. J’ai pris ma retraite, il y a une dizaine d’années. Mais j’ai toujours eu l’habitude de déchirer les affiches partout où je passais. Je m’amusais ensuite à les assembler et à les coller dans mon grenier. Un jour, un ami m’a proposé de participer à une exposition. Une belle occasion  de montrer mon travail, que je qualifierais d’ethnologie urbaine. Mes toiles exposent aux yeux de ceux qui les regardent l’évolution du monde au cours du temps. L’exposition a rencontré un grand succès, bien au-delà de mes espérances ! Il y a eu  énormément de visiteurs,  dont Jack Villeglé, le pape du nouveau réalisme, très représentatif du mouvement. L’exposition a été une réussite, j’ai décidé de trouver un atelier pour développer mon travail.”

Quelles ont été vos motivations pour choisir votre atelier ?

“Le lieu est incroyable ! Je me suis installé en 2016, à l’atelier du 16. Je souhaitais avoir un endroit pour travailler librement, ne pas être dérangé, accrocher mes œuvres, recevoir des gens et… vendre mes toiles. Je partage l’atelier avec un autre plasticien, un photographe, une graveuse et une archetière (violoncelle et harpe).”

Dans quelles mesures vos œuvres sont-elles engagées ?

“Mes œuvres permettent d’avoir la vision de l’état d’un pays ou d’une ville à un moment donné. C’est très parlant, au premier coup d’œil, on peut savoir de quel endroit elles s’inspirent. Une affiche est une matière magnifique et très expressive : il y a les couleurs, le graphisme, la matière, la déchirure et les caractères picturaux qui permettent de faire passer un message. Aujourd’hui,  ce qui m’intéresse le plus, c’est de rechercher dans la déchirure du papier des qualités picturales.  Il y a de moins en moins de messages dans mes tableaux,  je me concentre essentiellement sur le côté artistique.”

En quoi les portes ouvertes sont-elles bénéfiques pour vous et  tous les autres artistes ?

“Les Portes ouvertes sont une très bonne initiative. À travers la communication, elles permettent de faire connaître les adresses et les références des artistes. Un regret cependant : cette année, le département du Nord n’a pas trouvé bon d’éditer la plaquette regroupant les adresses des artistes concernés. Cette initiative était formidable, cette plaquette était à l’origine de nombre de visiteurs. L’engouement attendu par ces portes ouvertes en a été affecté cette année. J’irai jusqu’à dire que c’est un échec. C’est une très belle idée, mais qui exige un minimum d’organisation. Ce week-end portes ouvertes, s’il nous demande  énormément de travail,  nous permet de partager avec le public notre savoir-faire, notre passion, nos émotions.”