Du 20 au 24 octobre, Shein a ouvert un pop-up store sur la Grand’place à Lille. Les controverses qui touchent l’enseigne de mode en ligne chinoise ne l’auront pas empêché d’ouvrir sa plus grande boutique éphémère dans une région connue pour son industrie textile régionale.
Malgré la pluie, une centaine de personnes attend, parapluie à la main, l’ouverture de la boutique à 10 heures. Hommes, femmes, adolescents, parfois en famille, autant de profils que de produits disponibles sur le site de Shein. Devant les deux vigiles à l’entrée, des personnes s’entassent, espérant parcourir la boutique avant qu’il ne reste plus rien.
“On choisit la facilité”
Dans la file d’attente, Eva et Mathilde, lycéennes à Roubaix s’impatientent de l’ouverture du pop-up. “C’est l’occasion de voir les vêtements en vrai avant de les acheter” explique la première avec enthousiasme. La seconde souligne le prix abordable des produits proposés par Shein et “le choix conséquent qu’on a du mal à trouver ailleurs”. Les questions éthiques sur les conditions des travailleurs et sur l’écologie passent au second plan. “On choisit la facilité” reconnaît l’une des deux jeunes femmes. Quant aux entreprises qui proposent des vêtements plus durables, leur médiatisation sur les réseaux sociaux ne fait pas le poids face au marketing offensif de Shein.
“Font-ils réellement des économies ?”
De l’autre côté de cette file d’attente, une petite dizaine de militants brandit des pancartes dénonçant la durée de vie des vêtements produits par Shein. Parmi eux, Majdouline Sbai, sociologue de l’environnement. Elle avait appelé à la manifestation à travers une pétition lancée sur X (anciennement Twitter) en soutien à “une autre économie de la mode, régionale et éco-responsable”. Derrière les 600 000 références proposées sur le site web de Shein, ce sont également les matériaux utilisés et les conditions de travail de nombreux chinois payés au lance-pierre qui interrogent. Pour elle, l’ouverture de la boutique Shein représente une forme de concurrence déloyale. “La mairie a pris des mesures pour limiter l’occupation de l’espace public mais Shein a fait appel à un bailleur privé, les restrictions sont vites limitées” se désole-t-elle. L’absence de panneaux publicitaires dans les rues de Lille n’est qu’une petite victoire pour les acteurs locaux.
“La marque utilise internet pour inciter les jeunes à acheter toujours plus à des prix très bas. Mais font-ils réellement des économies en achetant des produits peu durables à un faible coût ?” s’interroge Majdouline Sbai. Une chose est sûre, le géant asiatique a le sens du commerce, mais la prochaine fois que tu voudras commander sur Shein, pense avant tout aux belles productions que tu peux retrouver à Lille et dans ses alentours.