DreamTim : Perdre le Nord pour l’Afrique du Sud

Cela fait 5 mois que Timothée s’est lancé dans son périple : rallier Lille à Le Cap (Afrique du Sud) à vélo. 20 000km à parcourir pour ce Lillois plein de curiosités, qui aime l’itinérance et les rencontres. Du sud de l’Egypte, à mi-parcours, l’étudiant dresse le bilan.

C’est une expérience hors du commun que vit Timothée Guaquiere, étudiant lillois en 4e année de médecine. Depuis 5 mois, il a troqué ses livres d’anatomie et son stéthoscope contre un casque et un vélo. Du haut de ses 21ans, il s’est élancé seul, en partance de Lille, pour atteindre Le Cap, soit 20 000km. Ce projet, c’est l’aventure de sa vie : « C’était un rêve à réaliser. C’est pourquoi j’ai choisi l’association Petits Princes comme partenaire : elle concrétise les rêves des enfants hospitalisés. Et puis plus tard, je veux travailler en pédiatrie ». La cagnotte – spécialement créée pour l’occasion – atteint déjà plus de 7 800€. Son périple n’aide pas seulement l’association. « Des écoles de la métropole suivent mes aventures. Ils travaillent la géographie, les mathématiques, le français, en suivant mon avancée ». Aujourd’hui, cela fait 150 jours que Timothée a commencé à pédaler. Il est passé par l’Italie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Grèce, la Turquie, où les montgolfières se sont transformées en réveil. Mais aussi par Israël, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, et maintenant l’Egypte.

« C’est difficile de se dire qu’on ne se verra plus »

Timothée s’est éloigné des cours la tête dans le guidon. L’objectif ? En apprendre davantage sur lui-même, et faire des rencontres, « Depuis que je suis parti, j’ai fait des dizaines de rencontres. Il y en a eu des enrichissantes, des belles et de moins belles. Parfois, c’est difficile de se dire qu’on ne se verra plus ». Sur ses réseaux, il partage des moments de vie avec les autochtones qui lui proposent de l’eau pour affronter le désert, un lit pour dormir, ou une soirée à passer en leur compagnie. Mais tout n’est pas idyllique. Parfois, des chiens, des camions ou des erreurs de parcours peuvent lui procurer des sacrées frayeurs.

Il pédale en moyenne cinq heures par jour. « En vivant mon aventure de loin, on peut croire que je ne fais que du vélo, explique-t-il. Les rencontres et les complications ne peuvent pas être toutes anticipées. C’est à la fois ce qui est le plus difficile et le plus excitant : ne pas savoir de quoi sera fait demain ». On lui demande quelles ont été ses plus grandes galères. Il répond « les pneus crevés, les passages dans le désert, et les escortes policières en Egypte, qui ne m’ont pas permis de prendre du temps avec les habitants. »


Ses aventures, Timothée ne voulait pas les vivre en solitaire. Il consacre près d’une heure par jour aux réseaux sociaux pour raconter ses anecdotes, ses problèmes, ou partager des publications culturelles avec ses abonnés, comme l’une des 7 merveilles du monde, Pétra, une cité majestueuse de Jordanie. Le contenu de ses réseaux, il le produit tout seul, mais il reste entouré de sa DreamTeam : « Un ami s’occupe des montages hebdomadaires sur la chaîne YouTube, un copain ingénieur m’a créé un logo, un autre s’est proposé pour créer un site web. Face aux sponsors, j’avais plus de crédibilité ».

« Physiquement, ce n’est pas inaccessible »

Ce défi, il l’a commencé sans préparation physique. On peut croire qu’il a perdu les pédales, il se justifie : « Je faisais déjà beaucoup de sport au quotidien. Et ce n’est pas physiquement inaccessible, je garde un rythme de balade. Je veux aussi profiter du moment. C’est la préparation administrative qui est bien plus contraignante : la sécurité du trajet, les vaccins des différents pays, les papiers pour obtenir des visas, le vélo, les vêtements spécialisés et bien sûr, les sacoches ! ».


Depuis le début, Timothée roule dans l’inconnu. « C’est un mal pour un bien. Je me dis que je suis encore jeune, je n’ai pas de charges. Ma vie se stabilisera avec mes proches plus tard ». Depuis le début de l’aventure, il n’a vu qu’une fois sa petite amie et sa famille. Des moments de pause qui étaient importants avant d’affronter la chaleur des longues routes du désert, en Jordanie et en Arabie Saoudite. « Je ne suis jamais réellement seul, des rencontres, il y en a tous les jours. Pour prendre du temps rien que pour moi, il m’arrive même parfois d’éviter les locaux. ». Ces moments, face à lui-même, sont précieux : « A chaque étape, j’apprends sur moi. Au fur et mesure, j’ai un regard différent sur le quotidien » confie-t-il avec le sourire aux lèvres. Cette nouvelle vision du monde est compréhensible, dans une excursion où des habitudes deviennent des plaisirs incommensurables, comme l’accès à une machine à laver.

L’Afrique c’est un continent très vaste, mais grâce à son enthousiasme, Timothée ne se dégonfle pas. Pourtant, il y a de quoi être impressionné : il doit encore passer par le Soudan, le Kenya, la Tanzanie, la Zambie, le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud. « Pour l’instant je n’ai pas fait face à d’importantes complications et j’espère que ça continuera. ». Juillet marquera la fin d’un rêve éveillé, Timothée reviendra chez lui transformé, ses sacoches emplies de souvenirs. A nous, simples sédentaires, il nous aura mis des étoiles plein les yeux.