CHATGPT : révolution numérique ou déclin des capacités cognitives des étudiants ?

L’IA ChatGPT est une vraie révolution, autant sur le plan cognitif, que technologique… et elle fait fureur auprès des étudiants. Nombreux sont les professeurs qui se battent contre cette nouvelle forme d’intelligence artificielle. Nous avons interrogé les uns et les autres pour mieux comprendre son succès…

Fanny B est étudiante en Média Culture Communication à La Catho . Elle utilise ChatGPT pour mieux comprendre certaines notions étudiées en cours : « c’est comme si on posait des questions à un professeur, mais de manière simplifiée. On peut lui demander d’insister sur des points particuliers, préciser nos intentions, ou encore reformuler des phrases… ».
Aguirre D, étudiant en Master 1, en Management de l’innovation, reconnait lui aussi se servir souvent de ChatGpt, notamment pour des rendus. Il explique utiliser le logiciel « comme un outil, et non pas comme une réponse ». Il poursuit : « je lui demande de développer des points, de reformuler des réponses…Mais je n’attends en aucun cas un produit fini, de A à Z . En fait, le travail de recherche est assez réduit ».

Un gain de temps considérable

Une chose est certaine : l’avantage de ChatGPT, c’est de centraliser un nombre considérable d’infos, avec beaucoup de fonctionnalités. Le revers de la médaille, c’est la dépendance qu’il peut générer. Gabin D est lui aussi étudiant en 2eme année de MCC. Il s’efforce d’utiliser ChatGPT le moins possible : « Certes, c’est un gain de temps considérable. Mais il faut vraiment se questionner sur l’IA de manière générale. Plus on l’utilise, moins on aura la capacité de réfléchir par nous-même.»

Quid du coté du corps enseignant ? M. Baloge, professeur de Communication Politique pour la licence MCC, nous confie ne pas trop savoir comment se positionner. D’un côté, cela ne le touche pas personnellement — du moins dans les matières qu’il enseigne ¬— De l’autre, il craint un avenir incertain pour les étudiants qui utiliseraient ChatGPT pour tricher lors de rendus de mémoires : « Je n’ai pas encore eu l’occasion d’être confronté à ce genre de problème avec mes étudiants. Mais ce qui m’inquiète, ce sont ceux qui passeront entre les mailles du filet. Il est légitime de se poser des questions sur le niveau des étudiants qui auront triché en utilisant l’IA. Ce n’est pas un sujet à prendre à la légère. Si l’utilisation de l’IA venait à se généraliser, il faudra certainement que les profs revoient leurs modalités de notation. « Toutefois, il précise qu’utiliser ChatGPT pour s’aider, pour mieux comprendre certaines théories lui semble acceptable, même si les étudiants ne font pas les recherches par eux-mêmes.

Un effet de mode

Mme Saint-Georges enseigne les relations presse, la communication de crise, ainsi que la stratégie de communication. Elle explique avoir quelques outils qui lui permettraient de détecter les travaux faits avec ChatGPT. D’ailleurs, elle a déjà réussi à en détecter certains, en discernant des travaux faits à 20% à partir du logiciel : « Ce ne sont pas des outils très élaborés, mais c’est ça aussi, enseigner et apprendre à l’ère de l’IA. » nous confie-t-elle. Elle s’interroge également sur « l’effet de mode », et l’engouement noué autour de ChatGPT : « Il y a un effet d’emballement médiatique. S’il y avait moins d’attention portée sur l’IA, on se monterait moins la tête. L’IA prétend nous offrir les informations sur un plateau, ce qui fait qu’on pense obtenir plus vite nos réponses. Mais elle n’interdira jamais aux étudiants de réfléchir par eux-mêmes… ».