Entre confettis, fanfares et lampions flottants, le quartier lillois des Bois-Blancs a célébré un « carnaval allumé » haut en couleur. Pour la première fois, le carnaval, la fête des allumoirs et la fête de la Gare d’eau se sont réunis en un seul grand rendez-vous, dans le cadre de Fiesta 3000. Une soirée où le quartier a vibré au rythme des rires et des géants.
Sous un soleil d’automne, les rues des Bois-Blancs se sont transformées en un ruban de couleurs. Les fanfares résonnent, les enfants agitent leurs allumoirs bricolés à l’école, les confettis volent jusque sur l’eau du canal. Ce samedi, le « carnaval allumé » a réuni des centaines d’habitants autour d’un même souffle festif.
Le Comité d’animation des Bois-Blancs, qui célèbre ses 40 ans, a voulu marquer le coup. « C’est exceptionnel, confie Corine Bachy, membre du comité depuis huit ans. Trois événements en un, c’est inédit. On réunit le carnaval du printemps, les allumoirs de l’automne et la fête de la Gare d’eau. D’où ce nom, le carnaval allumé. »
« BébéCamoule, le géant du quartier, fait son retour après restauration »
Autour d’elle, tout le quartier s’est métamorphosé : les costumes, les tambours, les sourires. « Je suis ravie de voir tout le monde déguisé et de constater que chacun joue le jeu, raconte Mathilde, intervenante en arts plastiques. Les écoles ont aussi participé, avec une chorale et des ateliers d’allumoirs. C’est une vraie réussite collective. »
Dans le cortège, les regards se lèvent soudain : BébéCamoule, le géant du quartier, fait son retour après restauration. Il avance lentement, saluant la foule. « Les géants du Nord, ce ne sont pas des légendes, rapelle Jacques, président des Amis des Géants de Lille. « Ils existent vraiment ! Bébé Camoule, lui, est sorti du canal : il est l’âme du quartier. »
Un peu plus loin, les jongleurs captivent les enfants. « Mon objectif, c’est de mettre des étoiles plein les yeux aux petits », sourit Fabien, massues en main. Sur les trottoirs, les odeurs de gaufres et de barbe à papa se mêlent à la musique de l’harmonie municipale de Fives.
« Il faut des moments totémiques dans chaque quartier »
Mais au-delà de la fête, certains tiennent à transmettre la mémoire du lieu. Françoise, créatrice du Jardin des Passereaux, se souvient : « Autrefois, les ouvriers du textile travaillaient ici, dans les usines du quartier. L’hiver, ils posaient des allumoirs sur leurs machines pour continuer à travailler malgré la nuit. C’est de là qu’est née la tradition des allumoirs. Aujourd’hui, on veut la faire découvrir aux enfants, même les plus petits, dès trois ans. »
Pour le maire de Lille Arnaud Deslandes, ce genre de célébration a un rôle essentiel : « Il faut des moments totémiques dans chaque quartier, des temps où l’on se retrouve pour faire la fête une ou deux fois par an. Parce que ça fait du bien à tout le monde. »
Alors que la lumière du jour décline, la foule se déplace vers les berges. Le cortège devient fluvial. Les lampions s’allument sur les péniches et se reflètent dans l’eau. Les rires résonnent jusqu’à la Gare d’eau, où la fanfare entame ses derniers morceaux. Les habitants, serrés les uns contre les autres, regardent glisser les lumières sur le canal.
Un carnaval pas tout à fait comme les autres, mais définitivement… lumineux.
Paul Blancon.



