AIDA : des vies qui se croisent

Dans le quartier dynamique de Wazemmes à Lille, l’association AIDA qui œuvre depuis plusieurs années ne se contente pas d’aider les personnes en difficulté. Elle transforme aussi la vie de ceux qui s’engagent pour elle, salariés comme bénévoles, dans un échange profondément humain.

Au 58 rue de la Justice, le local de l’association AIDA (Association Insertion des Demandeurs d’Asile) passe presque inaperçu. Pourtant, derrière cette façade discrète, c’est un véritable point de repère pour les personnes en quête d’aide. « Ici, on accueille des femmes et des hommes qui n’ont souvent pas d’autre solution, que ce soit pour des démarches administratives, des problèmes de logement ou des soucis financiers », explique Assunta, bénévole de l’association depuis quatre ans. Le centre de Wazemmes propose de l’accompagnement administratif, des cours de français, un point de restauration, et dispose d’une laverie et d’un vestiaire collectif. Mais qui sont les visages derrière ces actions concrètes ?

« Mes actions donnent du sens à mon quotidien »

Pour beaucoup de bénévoles, rejoindre AIDA est une expérience humaine marquante. C’est le cas de Martine, bénévole depuis avril 2024. « Je voulais donner de mon temps, mais je ne m’attendais pas à autant recevoir en retour. Chaque personne qu’on accompagne me fait découvrir une réalité que je ne connaissais pas et qui m’alarme ». Dans ce lieu, les parcours de vie se croisent et les échanges se tissent. Assunta est elle aussi sensible à la cause et aux valeurs que défend AIDA. « Mes actions ici donnent du sens à mon quotidien » insiste-t-elle. Les deux femmes avouent que « lorsqu’un dossier aboutit et que la personne repart avec le sourire, c’est une vraie récompense . Ça apporte un sens à notre retraite, un sentiment      d’utilité ».

Parmi les salariés, Barbara, une juriste d’origine brésilienne qui a intégré AIDA il y a trois ans. Après des études de droit, elle s’est dirigée vers l’association pour « rendre service aux étrangers, leurs donner accès au droit et les orienter dans l’administration comme pour les demandes de titre de séjour par exemple » en s’appuyant sur sa propre expérience. La principale mission de l’association est d’accompagner les gens dans leurs démarches, ce qui est parfois compliqué lorsque l’on ne connaît pas le système. « Le plus important dans le processus des suivis, c’est qu’ils deviennent autonomes, et qu’ils puissent s’intégrer dans de bonnes conditions », explique Barbara.

« Un moment de partage et de convivialité »

Dans une petite cuisine au fond des locaux, on retrouve Augustine, salariée en charge de la restauration. Chaque midi, elle prépare avec soin des repas gratuits pour les bénéficiaires, qui sont plus de soixante-dix à venir chaque jour. « La nourriture, c’est bien plus qu’un simple
repas, c’est un moment de partage et de convivialité, les gens discutent et rigolent ensemble », explique-t-elle. Augustine travaille avec des produits distribués par la banque alimentaire, en essayant de varier les menus et d’offrir du réconfort aux gens. « Beaucoup viennent ici car ils
n’ont pas mangé un vrai repas chaud depuis des jours. Leur offrir ça, c’est leur montrer qu’ils comptent, qu’ils ne sont pas oubliés ». Avant de cuisiner pour les bénéficiaires, Augustine travaillait dans la restauration classique. « Ici, je fais quelque chose qui compte vraiment. Les gens me remercient et sont reconnaissants », confie-t-elle.

Créée il y a plus de 20 ans, AIDA a su s’imposer comme un acteur clé du tissu social local. Mais au-delà des actions concrètes, ce sont des liens profonds et des expériences humaines qui marquent les bénéficiaires et membres de l’association