L’association La maison de Marthe et Marie propose des colocations solidaires pour les femmes enceintes en difficulté. Avec cinq antennes au total sur le territoire français, l’association s’est implantée à Lille en 2017. Huit femmes vivent aujourd’hui ensemble au cœur du quartier Vauban.
L’annonce d’une grossesse bouscule parfois un quotidien déjà compliqué. Dans l’exercice de son métier, Aline, sage femme, est confronté à la détresse et l’isolement de certaines femmes enceintes. Touchée par cette précarité, la jeune femme s’entoure de personnes motivées, fédère autour d’elle une petite équipe. Nous sommes en 2008, La maison de Marthe et Marie vient de poser ses premières fondations.
Aujourd’hui, à Paris, Strasbourg, Lyon, Nantes et Lille, les maisons accueillent des femmes enceintes pour une durée d’un an : « La colocation est une passerelle, un lieu chaleureux pour rebondir », explique Marie-Gabrielle Delattre, responsable du site nordiste. Son rôle est d’accompagner ces femmes vers la réinsertion. L’asso travaille avec l’UTPAS (Unité Territoriale de Prévention et d’Action Sociale) qui polarise l’assistance sociale de la PMI (Centre de Protection Maternelle et Infantile) pour le suivi des femmes, par l’intermédiaire de sage-femmes, de puéricultrices ou encore d’assistantes sociales.
« Vivre ma grossesse sereinement »
« La colocation Marthe et Marie m’a permis de vivre ma grossesse sereinement sans avoir peur du lendemain », explique Amélie, maman du petit Zacharie, 5 mois, qui gazouille sur ses genoux. Après une grossesse inattendue et une rupture subite avec son compagnon, Amélie s’est retrouvée seule et sans ressources. La colocation l’a accueillie en février dernier, enceinte de trois mois. La grande maison familiale, située rue des Stations, lui a permis de retrouver de la stabilité.
« La maison n’est pas un foyer », insiste Marie-Gabrielle. La créativité y est mise à l’honneur : « Les colocataires doivent se saisir du lieu pour que la maison devienne la leur. »
Dans la colocation, Amélie vit avec Gwen, Habiba, et Vanessa. Pour toutes, la grossesse a été un bouleversement dans leur équilibre qui était déjà précaire. Cette année, seuls des petits garçons sont nés : « Devenir maman pour la première fois en même temps, cela nous a automatiquement rapprochées. Il y a une super entente entre nous, on en oublie le pourquoi de notre présence ici », confie Amélie.
« Les volontaires nous aident à créer du lien »
L’originalité de ces colocations, ce sont aussi ses volontaires. Elles ont entre 25 et 30 ans, et s’engagent à vivre au quotidien avec les femmes accueillies dans la maison, tout en exerçant leur activité professionnelle à l’extérieur de la colocation. Au nombre de quatre, elles apportent dynamisme, ouverture et mixité à la colocation : « Nous choisissons des jeunes professionnelles. Leur engagement d’un an au sein de la colocation s’apparente à une mission humanitaire sans le déracinement », rapporte Marie-Gabrielle. Pour Amélie, les volontaires « aident avant tout à créer du lien. Elles ne sont pas à notre service, au contraire. »
Dans quelques mois, il sera déjà l’heure pour Amélie et Zacharie de prendre leur envol. Quitter la colocation qui leur a offert une forme de structure familiale ne sera pas facile : « C’est plus dur de repartir que d’arriver », conclut Amélie.