À l’approche du 32ème de finale entre le LOSC (Ligue 1) et l’Excelsior Saint-Joseph (DH, sixième division française), Johnny Payet, président de ce petit club amateur de l’île de la Réunion, se confie à Circonflex Mag.
Circonflex Mag : Votre club, petite équipe amateur, est très peu connu du grand public …
Johnny Payet : Créé en 1940, l’Excelsior est l’un des clubs les plus anciens de l’île de la Réunion… et qui cherche à aller de plus en plus loin en Coupe de France. Ces dernières années, on a toujours fait partie des finalistes. Au niveau de notre championnat, nous sommes l’un des meilleurs clubs réunionnais : nous terminons fréquemment dans le trio de tête. Aujourd’hui, notre effectif est composé de joueurs qui sont là depuis des années. On ne cherche pas vraiment à recruter à l’extérieur, on préfère faire monter nos jeunes.
Que pensez-vous du tirage? Pas facile de tirer un club de Ligue 1 …
Au départ, pour ne rien vous cacher, on savait que nous avions très peu de chances de tomber sur une équipe de notre niveau -CFA ou CFA2-, l’idéal pour continuer notre parcours. Après, c’est vrai que rencontrer un club professionnel comme le LOSC, c’est pour nous une belle expérience. C’est magique. Aujourd’hui, nous sommes le seul club ultra-marin encore en lice en Coupe de France. Pour nous, c’est une très belle aventure, quel qu’en soit le score final. L’année dernière, on avait fait match nul contre une équipe de Ligue 2 et nous avions perdu aux tirs aux buts. Mais samedi, ça sera la première fois que nous jouerons un club de Ligue 1. Ca, c’est la magie de la Coupe de France.
Savez-vous si des supporters ont fait le voyage pour venir voir jouer l’Excelsior ?
Évidemment ! Mercredi, j’étais à Paris et j’ai croisé plusieurs supporters, environ une vingtaine. Il y a des associations de supporters qui nous soutiennent dans la capitale, qui nous ont appelés, et même un club (l’ASUM) qui organise le voyage. Et puis les jeunes qui étudient à Lille vont venir au stade. Cela nous fait très plaisir car aujourd’hui, tout cela dépasse le sport. Même les gens qui ne sont pas footeux vont se sentir concernés. C’est un exploit d’en être arrivé là, quelque chose qui n’a jamais été fait.
C’est un rêve de jouer à Lille.
Dans quel état d’esprit est le groupe avant ce match historique ?
J’ai voyagé avec les joueurs et je les ai appelés plusieurs fois pour voir comment ils se sentaient. L’ambiance est excellente, ils sont très heureux. C’est un rêve pour eux de jouer à Lille, dans ce si beau stade Pierre Mauroy. Ils sont pressés d’y être. Arriver à ce niveau de la compétition et jouer contre une équipe de Ligue 1, c’est exceptionnel. On reste amateurs, et dans nos têtes, jouer contre des professionnels, c’est incroyable.
Croyez vous en l’exploit ?
Tout à fait ! Vous savez, tant que le coup de sifflet final n’est pas donné, on a nos chances, autant que les Lillois. On verra si on peut vivre cette aventure plus longtemps, ou si elle s’arrête là. Mais dans les deux cas, on sera très heureux. Perdants ou gagnants, quoi qu’il arrive, ça sera une belle fête, ça sera magnifique. En plus, c’est la première fois que l’Excelsior rejoint les trente-deuxièmes de finale. Nous sommes seulement la 4ème équipe de la Réunion à avoir atteint ce tour. C’est formidable.
Ce genre de rencontre aide-t-il les clubs d’outre-mer ?
Oui, cela nous aide à nous développer. En plus, ça nous permet de faire connaître les clubs de la Réunion pour développer nos centres de formation. On se bagarre pour nos jeunes, pour leur trouver des clubs, car nous sommes très peu connus et nous sommes tellement loin de la métropole. C’est vrai que ce genre de match nous permet de croiser des gens du monde du football, ce qui ouvre quelques portes pour nos jeunes.
L’Excelsior Saint-Jospeh est très connu d’un certain Dimitri Payet, international français d’origine réunionnaise passé dans vos rangs. C’est lui qui donnera le coup d’envoi fictif du match… Qu’est-ce que cela vous fait ?
Je l’ai su rapidement car nous sommes en contact avec Dimitri. On a du avoir la nouvelle avant vous (rires). Pour nous, c’est très bien car nous sommes son ancien club, celui qui a pu le mettre sur les rails du football professionnel. En plus, belle coïncidence, il a joué à Lille. Il va donc retrouver ses copains lillois et ses copains de l’Excelsior. Il y a encore beaucoup de joueurs chez nous qui étaient déjà là à son époque ! Ils se sont retrouvés à Clairefontaine au tour précédent. Ils sont tous très heureux de le revoir. Le surnom donné au match, le Payetico, me fait sourire. J’adore ce joueur.
Dimitri Payet est une star à Saint-Joseph !
Il est aujourd’hui l’une des stars de l’Equipe de France. Quel regard portez-vous sur sa carrière ?
Dimitri, c’est un garçon qui revient de très loin. Il a beaucoup galéré. Le football réunionnais a des pépites, mais nous n’avons pas assez de personnel pour encadrer les jeunes et leur permettre d’avoir leur chance dans le monde professionnel. Dimitri est parti faire sa formation en métropole mais ça n’a pas tout de suite marché. Il en est revenu abattu, il ne voulait plus jouer au foot. Il a été relancé par l’Excelsior, et c’est devenu une star chez nous. Le club est toujours en contact avec lui. Nous avons des dirigeants qui sont membres de sa famille et qui nous donnent des nouvelles régulièrement. C’est une grande fierté pour l’île de la Réunion et je suis très heureux de sa réussite car c’est un garçon qui le mérite.
Pour finir, que représente le LOSC pour vous aujourd’hui ?
Le LOSC, c’est un grand club, qui a fait ses preuves en remportant le championnat en 2011. C’est un très beau groupe qui a encore un bel avenir devant lui. Et son rachat peut lui redonner de l’allant. Pour moi, c’est l’une des 5 meilleures équipes françaises. Pour tout vous dire, mon fils est supporteur du LOSC. Du coup, on n’est pas trop d’accord, lui et moi, en ce moment (rires).
Pour suivre le match :
France 3 retransmet le match en streaming sur son site internet.